« To make the world a better place »
Rendre le monde meilleur. Au premier abord, cela paraît simple. Mais changer le monde implique d’en créer un nouveau. Et tout dépend du monde que vous avez en tête. Avec l’assassinat d’occidentaux par des terroristes de Daesh ces derniers jours, cet enjeu est plus que jamais d’actualité.
Alors, quelle société voulons nous bâtir ?
Si on exclut l’avenir envisagé par les islamistes radicaux (dont l’ombre plane sur le film, mais qui n’apparaîtrons jamais réellement à l’écran, montrant bien qu’en Europe, leur influence est plus psychologique que physique, tangible), il y a autant de futurs que de pays, d’agences de renseignement, de dirigeants au sein de ces agences. En clair, autant de conceptions que d’hommes.
Comme la journaliste, tenez-vous absolument à en faire un état de droit avant tout, à respecter la Convention de Genève à tout prix ? Ou comme le personnage brillamment interprété par Philip Seymour Hoffman, voulez-vous donnez une chance à ceux qui le méritent ? Peut-être même préférez-vous régler vos problèmes à l’américaine : pas de témoins, pas de traces. Ou encore souhaitez-vous malgré tout comme un certain Docteur soutenir la cause.
Au-delà de cette interrogation morale, Un Homme très recherché est une performance d’acteurs. Feu le Grand Philip Seymour Hoffman est bluffant dans le rôle d’un agent secret allemand (qui l’eut cru) qui s’enfile clope sur clope, ne trouve pas le sommeil, se fait tantôt paternaliste avec ses indics, tantôt exulte sous cape, tantôt enrage. Citons aussi Willem Dafoe, toujours excellent, Rachel McAdams, plutôt convaincante, et le mutique Daniel Brühl, un des nombreux acteurs purement allemands du casting.
Mon seul regret reste le fait que la langue allemande ait été supprimée dans les dialogues, présente seulement sur les plaques des rues, pour permettre un casting tout de même en grande partie américain.
Comme beaucoup, j’ai été poussée à voir ce film par une curiosité un peu morbide (il s'agit du dernier film de PSH si on exclut Hunger Games 3) et par les critiques dithyrambiques. Comme beaucoup, je n’ai pas été déçue.
Et en sortant, je n’ai pas pu m’empêcher de penser : qu’est-ce que c’est finalement que rendre le monde meilleur ?