En montrant d'une part "l'initiation" d'une jeune infirme qui passe d'une rébellion initiale d'enfant sauvage à une sorte d'acceptation de soi et du monde, proche du mysticisme, et d'autre part le parcours criminel de son père paranoïaque, Brisseau propose une première lecture évidente, psychanalytique de "Un Jeu Brutal" : en tuant des enfants, le père accomplit rituellement, sous couvert de mission divine, le meurtre de sa propre fille. Mais, ancien enseignant, il offre aussi un questionnement - plus audacieux - de la violence profonde de toute démarche pédagogique, voire de sa dimension mortifère. A partir de ce sujet pour le moins dérangeant, et travaillant littéralement ses acteurs au corps, Brisseau réalise avec "Un Jeu Brutal" une entrée fracassante dans le petit monde du cinéma français. [Critique écrite en 1984]