Un jeu risqué par Maqroll
Après un premier essai pourtant guère convaincant quelques années auparavant (Le Passage du canyon), Jacques Tourneur revient au western avec ce Wichita, qui relate ce qu’on pourrait appeler les débuts de Wyatt Earp en tant que représentant de la loi et « nettoyeur de ville ». Dans le rôle principal, Joel McCrea est pour une fois sobre et crédible et Vera Miles très charmante. Le scénario est habile, faisant monter la tension progressivement dans la petite ville dont l’atmosphère est bien rendue et exposant parfaitement le conflit entre sécurité et intérêts financiers des uns et des autres. À la fin, après une « happy end » très conventionnelle où tous les méchants sont punis, Earp et sa jeune épouse partent pour Dodge City… La vérité historique des lieux est donc respectée même si celle des faits l’est beaucoup moins, le personnage étant considéré généralement comme un voleur et un tueur et non pas comme cet espèce de chevalier blanc décrit ici et ailleurs. Pour l’anecdote, il rencontra même John Wayne un peu avant de mourir, lui transmettant peut-être quelques tuyaux pour jouer les cow-boys, même si c’est Henry Fonda qui tint son rôle chez John Ford en 1946 dans My Darling Clementine. On est donc dans l’imagerie et la légende du Far West, celle qu’on imprime (et qu’on tourne) quand elle est plus belle que la vérité et Tourneur s’y prend assez bien ici, me surprenant (agréablement) quelque peu, je l’avoue…