Cet étonnant récit initiatique d’un adolescent mongol tiraillé entre traditions chamaniques et modernité permet d’explorer avec finesse les défis d'une Mongolie en mutation.
Ze est un élève sérieux, brillant et appliqué dans un lycée d’Oulan-Bator. Il fait la fierté de ses parents et de ses professeurs. Mais sa rencontre Maralaa bouleverse cet adolescent modèle, confronté pour la première fois aux émois amoureux. Une crise d’adolescence à 17 ans, quoi de plus normal ? Sauf que Ze possède aussi la capacité de communier avec l’esprit de ses ancêtres et ainsi de se transformer en chaman.
La réalisatrice Lkhagvadulam Purev-Ochir a eu l'idée brillante de raconter l'initiation d'un chaman mongol à la vie « normale ». Ce dispositif permet de tirer un parallèle habile entre ce personnage tiraillé entre ses traditions paganistes et les promesses d’une vie contemporaine, et la Mongolie elle-même, un pays qui a subi une modernisation rapide (et parfois brutale) après un exode rural massif à la fin du vingtième siècle. A travers l’histoire de Ze, c’est aussi une réflexion qui porte sur l’éducation d’une génération, sur l’économie d’un pays ainsi que sur son mode de consommation.
Au fil de son éducation, Ze rencontre une multitude de personnages intéressants. On peut regretter que la réalisatrice les laisse souvent de côté, préférant s’attarder (et se répéter) sur la relation romantique de son chaman. On retiendra toutefois de très beaux moments filmés entre Ze et son voisin, essentiels pour le cheminement de cet adulte en devenir.
Comme dans tout bon récit initiatique, le voyage de Ze n’est pas tant un départ qu’une exploration intérieure visant à le rendre plus fort et résilient, capable de concilier sa sensibilité et ses aspirations dans un équilibre délicat. Serait-ce aussi la clé pour que la Mongolie adopte la modernité sans renoncer à son identité traditionnelle ?