Le collectionneur
Commençons par évacuer le premier présupposé : Hong Sang-Soo serait le Rohmer coréen. Rohmer a un oeil et une culture picturale qu'HSS n'a pas, il l'exprime brillamment dans des tableaux vivants,...
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le 8 nov. 2015
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Encore un film fabuleux de Hong Sang-soo. Encore une fois on a un film sur des variations autour d'une même histoire comme dans In another country (si j'ai bien compris c'est également pareil dans la Vierge mise à nue par ses prétendants que je n'ai pas encore vu). J'aime beaucoup cette façon de faire, ça permet de voir plusieurs fois quasiment la même chose, en cherchant les différences et leurs répercutions, de comprendre comment les choses peuvent bien ou mal tourner selon les propos, les gestes de chacun... Surtout que si c'est bien fait et ici c'est très bien fait, on arrive à ne jamais être redondant, jamais proposer exactement les mêmes dialogues, la même mise en scène, afin de toujours réussir à surprendre le spectateur.
De plus, de manière générale dans le cinéma de HSS on a toujours du mal à prédire vers quoi va tendre une conversation, puisqu'on passe souvent du rire aux larmes... (le tout dans le même plan, puisque HSS enchaîne les plans séquences quasi fixes dans lesquels il se permet parfois de zoomer avec de cadrer tel ou tel personnage... on voit ainsi sa réaction évoluer en fonction de l'évolution de la discussion) Mais là, lors de la seconde proposition c'est encore plus accentué, on a vu ce que le gars a fait et on se demande ce qui va changer, ce qu'il va faire différemment, et il y a un côté imprévisible...
Dans une histoire il vante les mérite du tableau de la jeune fille qu'il rencontre, dans l'autre il est assez sévère, on peut penser que ça va être déterminant pour l'avenir de leur relation, mais finalement elle ne semble pas spécialement lui en tenir rigueur... et c'est ça qui est passionnant, voir ce qui va marquer cette jeune fille pour transformer cette rencontre fortuite en véritable relation ou au contraire qui va tout gâcher.
Et il y a un exemple parfait ici, dans la seconde version on a une scène totalement imprévisible, on se demande même si elle est réelle (on sait que HSS a l'habitude de jouer avec les rêves en montrant un personnage en train de s'éveiller pour nous signaler que ce que l'on vient de voir n'était pas vrai), quelque chose fou qui normalement devrait faire fuir n'importe quelle fille... mais lorsqu'elle l'apprend, elle fait le plus beau des sourires.
J'aime cette manière de caractériser un personnage, on voit comment elle réagit face à diverses situations, on change un tout petit peu les situations et on peut dresser un petit tableau, tout en nuances, des valeurs du personnage. Quelque part ici on se rend bien compte qu'elle n'apprécie pas du tout la malhonnêteté. Enfin, c'est une façon de faire, mais ce qui compte réellement c'est son sourire, le fait qu'elle se cache dans son écharpe pour rire de la situation débile qui s'est produite pendant son absence.
La fin est forcément belle et mélancolique et la fin des deux segments résonnent fortement entre elles. On voit qu'entre une belle histoire et une rencontre avortée, parfois ça ne tient pas à grand chose... Ce qui rend ces belles histoires que plus belles, car plus fragiles.
En fait ces films qui ne payent pas de mine avec leur mise en scène calme, posée, leur microcosme, leur quelques décors, arrivent mine de rien à avoir une sacrée profondeur, une vraie richesse, car tout ne tombe pas tout cuit dans le bec du spectateur, il va falloir essayer de comprendre, ce qui a fonctionné, ce qui n'a pas fonctionné dans les relations... et puis c'est surtout et avant tout réellement touchant.
Beau film, belles histoires.
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Créée
le 4 avr. 2020
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