Le collectionneur
Commençons par évacuer le premier présupposé : Hong Sang-Soo serait le Rohmer coréen. Rohmer a un oeil et une culture picturale qu'HSS n'a pas, il l'exprime brillamment dans des tableaux vivants,...
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le 8 nov. 2015
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Il y a les spectateurs qui ne pensent même pas à regarder l'heure sur leur portable durant la projection, citent, on se demande pourquoi, Rohmer, trouvant en Hong Sang-soo sa réincarnation version coréenne.... sans doute pour le côté minimaliste de la réalisation parce que côté dialogue c'est one point pour le français et côté direction d'acteurs c'est KO debout pour le coréen. Bref les inconditionnels, y vont comme à la messe, les yeux fermés ( non, quelle est la méchante langue qui a dit qu'ils dormaient ? ) et en ressortent émerveillés, les poils dressés de bonheur et les mêmes adjectifs en bouche (toujours les mêmes d'ailleurs) : merveilleux, délicat et magique.
Et puis, parmi les spectateurs, il y a les autres. D'abord, ceux qui atterrissent par hasard dans la salle et qui, comme pour ce film, la quittent à la moitié du film, non pas parce qu'ils s'ennuient ( mais ça reste à vérifier) mais uniquement parce que l'apparition de ce qui ressemble à un carton de générique apparaît à l'écran, leur intimant illico de claquer le siège et enfiler leur doudoune! Les sots ! Ils ne savent pas que c'est une facétie du maître qui en fait annonce une deuxième version de l'histoire. ( ok, faut deviner ou lire le coréen, mais là faut pas demander l'impossible !)
Ensuite, il y a ceux, comme moi, qui se sont préparés mentalement à cette projection, qui ont ingurgité leur TéléramaInrocksMondeetLibé, médication absolument indispensable pour profiter pleinement des sous-entendus qu'un lait/banane avalé dans le temple de la bénédiction peut engendrer comme références érotiques et comme sous texte dans un cheminement créatif hors norme. Là, ils apprécient les longues minauderies d'une jeune peintre un peu timide voire un poil niaise, les atermoiements d'un quarantenaire qui drague gentiment pour ne pas effaroucher sa proie, tout cela en longs plans fixes et avec boissons de plus en plus alcoolisées au fur et à mesure que les lieux s'enchaînent ( lentement,je vous rassure, nous sommes chez un AUTEUR). Ils s'ennuient discrètement, appréciant de temps en temps un joli plan sur la frêle nuque de la gracieuse actrice, s'agaçant de cet acteur qui remet toujours en place son improbable mèche post adolescente dès qu'il a dit une fadaise qui ne fait rire que lui, se barreraient bien après la longuette première partie bien plate. Mais, eux ils ont pris leur potion de critiques et savent que tout le sel a été mis dans la deuxième partie. Et ils ont raison au final. Les variations proposées dans cette deuxième version plus vraie, plus honnête, plus ouverte sexuelle (mais je ne dirai pas s'ils sortiront leur préservatif à la fin) est bien plus amusante, intrigante et ludique. On peut quasiment jouer au jeu des erreurs en comparant des plans quasi identiques où juste un ou deux détails ont été changés, indiquant de manière subtiles les sentiments des protagonistes. C'est plus enlevé, plus frais, plus réel, sans pour autant atteindre la verve d'un "Smoking/No smoking".
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http://sansconnivence.blogspot.fr/2016/02/un-jour-avec-un-jour-sans-de-hong.html
Créée
le 17 févr. 2016
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