Ce n'est pas vraiment la Guerre en elle-même qui intéresse Ang Lee lorsqu'il met en scène Billy Lynn's Long Halftime Walk mais la répercussion de celle-ci sur les âmes humaines ainsi que la récupération que peut en faire un pays.
La vraie force de son oeuvre, c'est de toujours trouver le bon équilibre, de faire preuve d'une vraie fluidité pour aborder des sujets compliqués tout en étant dans l'expérimentation formelle. Le film n'est jamais lourd et parvient à nous faire ressentir le traumatisme du jeune Billy Lynn, Ang Lee parvient à nous faire vivre sa situation, la peur, et même la détresse, engendrée par de simples gestes ou des souvenirs.
S'armant d'une technologie innovante, soit des prises de vues d'une cadence de 120 images par seconde, contre 24 normalement, le metteur en scène de Tigre et Dragon use à merveille des flash-back et ses parallèles entre passé et présent sont toujours pertinents. Il ne tombe pas dans la lourdeur en cherchant à mettre à mal la mentalité américaine mais l'analyse finement, comme en témoigne la remarquable et juste dernière partie. Cette justesse se trouve tant dans l'écriture que la mise en scène, il n'en fait jamais trop et finalement, offre un récit autant émouvant qu'intelligent.
La grande force de Billy Lynn's Long Halftime Walk se trouve évidemment dans son protagoniste, marqué par la Guerre, constatant la dégradation de son environnement familial et subissant la promotion de ses exploits par son pays. Ang Lee parvient à utiliser tous ces éléments pour mieux dresser un portrait complexe mais attachant et surtout émouvant, notamment par les rapports qu'il aura avec son entourage. Il n'en oublie pas les personnages secondaires, que ce soit la sœur de Billy, ses camarades au combat ou ceux qui vont le féliciter ou chercher à exploiter ces prouesses et si certains paraissent d'abord caricaturaux, il n'en est finalement rien et apportent réflexions et émotions.
Tous les personnages sont bien écrits et intéressants, qu'importe leur temps d'apparition et, aux risques de me répéter, mis en scène avec une grande justesse, à l'image des dialogues entre Billy et Shroom. Ils sont d'ailleurs tous remarquablement interprétés, tandis que le cadre du récit est très bien exploité, Ang Lee sachant nous faire vivre les événements, grâce notamment à ses prouesses techniques, son utilisation des couleurs ou encore des souvenirs.
Ce qui marque lorsque l'on voit cette oeuvre, c'est le fossé entre l'exubérante société américaine et le ressenti des soldats qui ont vu la mort et l'horreur de la Guerre, ce qui rappelle aussi ce qu'il s'est passé avec le conflit au Vietnam. La sensibilité dont fait preuve Ang Lee est assez forte, lui permettant de créer une ambiance prenante, parfois triste mais souvent émouvante, où chaque mot à un sens et il n'y en a jamais un de trop.
En signant Billy Lynn's Long Halftime Walk, Ang Lee met en scène une oeuvre assez forte sur le traumatisme lié à la Guerre et le fossé entre la réalité et le prisme de la société américaine, un film émouvant et d'une immense justesse, emmené par de remarquables comédiens. (merci à Jurassic)