Franchement ce nouveau Woody Allen est tout à fait réjouissant. Si j'ai bien compris c'est le projet que Amazon ne voulait pas sortir à cause du mouvement MeToo et des accusions dont il faisait l'objet. Ce film montre, encore une fois, que vouloir suivre les injonctions morales est une erreur et qu'il aurait été dommage de gâcher un film aussi sympathique.
En fait j'aime beaucoup l'avatar que prend Woody Allen pour s'exprimer dans ce film à savoir Timothée Chalamet (ou plutôt devrais-je dire les avatars, puisque le réalisateur joué par Liev Schreiber en est clairement aussi un), il a un tête de jeune premier un peu dandy dépressif, ça fonctionne bien. De manière générale les acteurs sont vraiment bons et on a droit à une belle distribution. C'est d'ailleurs assez réjouissant de voir toutes ces stars tomber amoureuses chacune à leur tour, et pour des raisons différentes, de Elle Fanning.
Elle Fanning qui a un beau rôle de cruche je dois le dire. Et dans le récit ça fonctionne vraiment bien, puisqu'elle n'est pas une fille particulièrement intelligente, drôle, elle a juste un joli minois (et une très belle paire de jambes qui vont magnifiquement bien avec sa jupe, mais moins que celles de Selena Gomez) et ça suffit pour que tous les artistes soient là à s'émerveiller... à la trouver formidable alors que clairement elle ne dit que des conneries... elle a juste l'air gênée, ivre et semble ne pas avoir de personnalité.
Et donc fatalement lorsque Chalamet rencontre le personnage de Selena Gomez on voit immédiatement l'alchimie. Les deux se cherchent, on voit clairement qu'elle est intéressée et lui fait semblant qu'il n'en est rien, mais il laché une réplique qui dit tout. Franchement c'est ô combien agréable de les voir tous les deux... surtout qu'il y a sans doute la scène la plus belle du film, il se met au piano, il se veut dandy dépressif, mélancolique tous les clichés du monde, elle veut se changer, et on la voit choisir ses vêtements, elle s'approche de lui qui est toujours au piano, la caméra pivote légèrement et on y découvre la mini mini mini jupe (et ses jambes exquises) qu'elle a décidé de porter. C'est pas forcément le truc le plus subtil du monde, mais j'aime beaucoup la manière avec laquelle c'est amené, il n'y a plus de doute possible, elle le veut.
Elle pétille là où Fanning semble juste être totalement perdue. Il n'y a pas de doutes possibles, il faut choisir la brune.
Derrière son côté comédie romantique au pays des grands bourgeois, j'ai quand même l'impression que Woody a conscience un peu de l'inanité de son sujet. Quels vrais problèmes peuvent avoir ces gens friqués ? Et pour ça le personnage de la mère et les révélations qu'il apporte sont vraiment salvateurs. On a beau vouloir correspondre et se conformer à l'habitus bourgeois, le milieu socio culturel de départ peut néanmoins ressurgir... Et surtout derrière la façade, les manières, il y a parfois quelque chose d'autre de bien moins reluisant.
J'aime bien.
Mais ce que j'aime bien aussi c'est l'apport de Vittorio Storaro au cinéma de Woody Allen. Disons qu'il sublime réellement certains échanges entre les personnages avec sa lumière. Certes ce n'est pas aussi fou que dans Wonder Wheel, mais mine de rien ça rajoute un cachet et sublime les acteurs. Il y a juste une nuit américaine parfaitement immonde qui débarque pendant dix secondes sans trop qu'on sache pourquoi...
Alors oui, la fin rappelle trop celle de Minuit à Paris, mais je trouve ça vraiment plaisant comme film... Un film un peu insouciant où on prend plaisir à être mélancolique sous la pluie et à abandonner un petit rayon de Soleil.