Être coincé pendant Groundhog Day au lieu de Noël, c'est quand même ne pas avoir beaucoup de chance.
Il ne me serait jamais venu à l'esprit de regarder ce film de moi-même, si on ne me l'avait pas conseillé. La seule vue du mot "romance" voire du mot "comédie" dans le genre du film suffit à me rebuter, habituellement : ce n'est juste pas du tout dans mes goûts, sauf quelques exceptions. Et il semblerait que Groundhog Day fasse partie de ces exceptions. D'ailleurs, je suis si bien rentré dans l'univers que j'ai failli écrire cette critique en me basant sur le concept du film, mais je n'ai pas la prétention d'être aussi doué qu'Harold Ramis dans ce domaine, je vais donc me contenter d'en parler.
Il faut dire que le pitch de départ aide un peu, notamment dans son côté fantastique. Le voyage dans le temps est un thème que j'aime énormément et c'est bien ce qui va arriver au sarcastique Phil Connors, joué à la perfection par Bill Murray. Groundhog Day, c'est en effet l'histoire d'un présentateur météo prétentieux et blasé de tout qui, pour l'énième fois, est envoyé au fin fond de la campagne afin de couvrir l'évènement qu'est le Jour de la Marmotte où cette dernière est censé annoncer combien de temps il reste à l'hiver. Cette marmotte est d'ailleurs l'objet d'un parallélisme plutôt intéressant avec l'anti-héros du film : les deux sont prénommés Phil et les deux sont condamnés à revivre cette même journée. En effet, Phil - l'humain - va se réveiller tous les matins ce 2 février durant lequel se déroule le Jour de la Marmotte, étant obligé de le vivre et le revivre sans que personne ne se souvienne qu'il n'y a pas de demain, excepté lui bien évidemment.
Il va alors réagir à cette "malédiction" différemment, petit à petit. Il commencera par ne pas la comprendre, puis il en profitera, s'en lassera, la maudira et y remédiera après en avoir compris le sens et avoir considéré le bon côté, prenant cette sorte de boucle temporelle comme autre chose qu'une malédiction. Au début, je dois dire que j'ai eu un peu peur. Même si le fait de passer une centaine de minutes sur la même journée était en effet attirant, j'avais peur de longues répétitions et de longueurs, tout simplement. Mais il n'en est rien : Harold Ramis a su rendre son film passionnant de long en large, trouvant un scénario et un tas de situations différentes collant avec le schéma principal du jour répété. Ce scénario, parfaitement bien écrit et réalisé, s'accompagne en plus d'un beau jeu d'acteurs et d'une bande-son toujours bien adaptée.
Et pour la première fois depuis un moment, c'est le message et le sens du film qui m'a intéressé. Je suis beaucoup plus dans le fait de regarder un film et de le prendre comme il est, sans l'interpréter, sans essayer de comprendre ce qu'il veut dire. Mais ça n'a pas été le cas avec ce Groundhog Dog. Celui-ci interroge en effet sur la répétivité et la routine de la vie à travers cette boucle temporelle obligeant le personnage principal à revivre toujours la même chose. Il interroge aussi sur la considération que l'Homme a pour les autres. Ainsi, on passe d'un personnage prétentieux, égocentrique et cynique au possible à une toute autre personne évoluant sans cesse durant le film. C'est lorsqu'il commence à s'intéresser aux autres et à accomplir des actions moralement bonnes plutôt qu'à profiter de cette suite de jours - qui se ressemblent mais ne se suivent pas - pour son propre plaisir, notamment séduire telle ou telle fille en lui posant des questions qu'elle aura oublié, en apprenant le déroulement exact d'une journée pour obtenir ce qu'il veut ou en perpétrant des crimes sans souci des conséquences étant donné qu'il se réveillera à la fin de la journée.
Il y a néanmoins du négatif dans Groundhog Day, tout n'est pas si beau - du moins de mon point de vue. Si l'on ne peut pas reprocher à une comédie romantique d'être niaise, parce qu'elle l'est par définition, on peut en revanche lui reprocher d'être trop classique, trop prévisible. Le dénouement du film et la résolution du problème temporel auquel est confronté le héros sont en effet visible à des kilomètres à la ronde, devinable avant même que le "mode replay" du Jour de la Marmotte soit enclenché. Ce n'est peut-être pas un problème pour tout le monde, mais c'en est un pour moi : je hais un film, une histoire, un scénario qui est prévisible et qui ne s'en cache pas. Je hais pouvoir deviner ce qu'il va se passer dans les prochaines minutes, deviner comment ça va se terminer, deviner ce qu'il va advenir d'un personnage. A mon goût, toute la magie d'une histoire se retrouve dans son imprédictibilité, dans son suspense, dans son effet de surprise, dans le fait d'envoyer le spectateur sur une fausse piste. Ça ne rend pas le film foncièrement mauvais, mais ça m'a empêché de l'adorer, au lieu de simplement l'aimer. Cependant, je pense que ça reste un film à voir rien que pour l'exploitation plutôt intelligente du voyage temporel et les situations le prenant comme base toutes plus réussies les unes que les autres.
N'empêche que j'aimerais bien me trouver coincé dans une boucle temporelle me coinçant durant le visionnage de ce film, parce qu'il est quand même assez cool et que putain le méta c'est la classe.