Si l’histoire d’Un jour sans fin peut être réduite à celle d’un type qui veut séduire une femme – énoncé on ne peut plus banal tant il a traité dans la littérature et au cinéma – cette interprétation-ci s’avère pour le moins originale et efficace.
Ainsi, au lieu d’une rencontre improbable entre une fille misérable et une prince charmant – 99,9 % des comédies romantiques, merci Tonton Disney d’avoir insufflé cette connerie dans l’esprit de jeunes filles devenues femmes qui cherchent alors désespérément à nous muer en eunuques à crinière -, les deux futurs tourtereaux semblent travailler ensemble depuis quelques temps et provenir du même milieu social. Ou comment faire un doigt aux conventions de Tonton et ENFIN partir sur de bonnes bases.
Ces bases, donc, s’appuient sur un bon vieux MacGuffin : Phil Connors se voit enfermé dans une boucle temporelle dont il est le seul à se rendre compte de l’existence. Aucune tentative de justification du pourquoi du comment de son origine, puisque l’on comprend rapidement que Phil Connors est un sale con et que la boucle est une métaphore signifiant "tant que tu resteras un sale con, tu seras condamné à mener une vie répétitive et sans intérêt". L’individu va de ce fait pleinement accepter son sort pour l’utiliser à son avantage, dans des scènes d’une rare efficacité comique.
Et puis Un jour sans fin vaut aussi le détour pour ses deux interprètes principaux, Andie MacDowell et Bill Murray, dont la subtilité de la première s’accorde parfaitement avec la nonchalance légendaire du second, pour former un duo/couple crédible et juste. Appuyé par la réalisation toute en nuances de Harold Ramis – le Dr Spengler de Ghostbusters -, tour à tour posée et intimiste telle une romance ou rythmée à la façon d’un sketch, le résultat global s’avère cohérent et surprenant sans être déconcertant.
Un jour sans fin s’inscrit finalement comme précurseur de ces trop rares comédies romantiques originales et bien écrites, telles que Prête-moi ta main et Hitch pour ne citer qu’elles, donc non exclusivement réservées à un public "Häagen-Dazs, plaid & pyjama". De là à dire que les Forrest Gump à couettes n’y trouveront pas leur compte, il n’y a qu’un pas que je n’oserai franchir…