Film-monstre dans la carrière de Jean-Pierre Mocky (plus de deux heures), Un linceul n'a pas de poches se veut engagé, car à travers ce journaliste que le réalisateur incarne, c'est avant tout une lutte pour le droit d'informer.
Quelque part, c'est encore un film très actuel ; à l'heure où la liberté d'expression pour la presse est malmenée, Mocky décide de ruer dans les brancards. Ça n'est certes pas toujours très fin, des acteurs souvent en roue libre (comme Francis Blanche, dont ce sera le dernier film), qui rivalisent de moumoutes et autres postiches ridicules (le collier de barbe de Michel Serrault), le thème musical Dolannes melody répété ad nauseam sous toutes les variations, mais on sent que le réalisateur veut appliquer un aspect film noir à l'ensemble. Aussi bien sa dégaine, Borsalino et pardessus à la Bogart, que l'utilisation de vénitiennes aux fenêtres, ou alors des cadres montrant la perfidie des hommes....
Comme je le disais, c'est un film qui a pas mal de défauts, les moyens ne sont pas toujours là, avec des armes en plastique, mais il y a une gouaille, une vigueur qui font que j'ai pris un grand plaisir.
Même si les acteurs cabotinent à l'envi, on a quand même Carmet, Galabru, Marielle, Constantin et les belles Sylvia Krystel ainsi que Myriam Mézières.
A ce jour, c'est sans doute son meilleur film parmi ceux que j'ai vu.