L'hebdo le plus lu des jeunes énervés entre 17 et 77 ans.
Dolannes , viré de son journal, décide de publier sa propre feuille de chou pour dénoncer tous les magouilleurs et les pourris de la ville. Et là y a matière à donner du biscuit.
Le film dégomme les cibles habituelles de Mocky et si tout le monde en prend pour son grade_ sportif corrompu, chirurgien avorteur, journalistes muselés par le fric, ce sont les politiciens, un pour tous - tous pourris que ce soit le maire socialiste, le député de droite plein aux as, les communistes vendus, tous copains comme cochons, qui en prennent le plus pour leur grade. Non seulement les politiques sont des crevards qui s'en foutent plein les poches mais en plus certains se videraient les burnes en toute impunité. La charge est encore plus féroce que d'habitude et dure une demi-heure de plus que la durée habituelle de 1H30. Je suppose que pour être vénère à ce point Mocky avait dû ressentir une violente douleur près du cœur, au niveau du portefeuille, genre augmentation de la facture EDF ou redressement fiscal.
Tout est prêt pour la mise en valeur par contraste du chevalier blanc. Dolannes (Mocky avec son chapeau), l'incorruptible chevalier braillard, seul contre tous, le beau et pur séducteur auquel aucune femme ne résiste qui va pourfendre de sa plume et de ses mots toute cette racaille représentée par les Galabru, Marielle, Serrault, Lonsdale, Constantin, Gélin et consort qui font le job mais sans plus, le plus drôle étant un Galabru patelin en directeur de journal assujetti à l'insu de son plein gré à ceux qui financent son journal. Mocky donne du temps de jeu à chacun de ses comédiens, ça pourrait être alléchant quand on voit le casting mais c'est attristant que Francis Blanche ait eu pour dernier rôle ce rôle de pitre à l'accent yiddish et c'est vraiment consternant de voir Jess Hahn faire le guignol en slip.
Pour aguicher le public, Mocky a fait venir Sylvia Kristel, période Emmanuelle, avec un rôle tout aussi dénudé bien qu'inutile, mais ça on ne s'en plaindra pas. Pour l'atmosphère Mocky se rappelle de temps en temps qu'il tourne un film noir et filme alors des bandits qui poursuivent sa Coccinelle. Pour enfoncer le clou de l'atmosphère nocturne, il nous sort une musique triste des 70's, l'entêtante Dolannes Mélodie avec Jean-Claude Borelly qui déverse ses notes lancinantes à la trompette.
Lancé dans sa course contre le temps qui est de l'argent et contre le dépassement de budget_ il est aussi le producteur du film, faut pas l'oublier, Mocky nous sert un mélange de genres souvent incompatible entre tristesse et burlesque. Comme il n'est pas à une incohérence près il ne voit même pas qu'il massacre sa propre histoire et qu'au lieu de passer pour le chevalier blanc, Dolannes son héros, au gré des délations étalées en première page de son torchon de journal, est devenu une belle ordure qui provoque le suicide d'un chirurgien, suspecte le maire de pédophilie sans preuve, provoque la mort inutile d'un témoin et pousse toute la ville à la haine des politiques.
Dommage je voulais aimer le film rien que pour son titre mais Mocky en bâclant son affaire s'est attaché à nous éloigner de son film.