Dans les années 20, Larita est une pilote de course automobile qui épouse John, un jeune Anglais de bonne famille. Lorsqu’elle arrive chez sa belle-famille, le choc culturel est violent. Sa belle-mère la rejette avec le sourire, déçue que son fils ait choisi cette roturière. Bientôt, toute la famille déteste cette jeune femme pourtant sympathique et à la spontanéité rafraîchissante. Seul Jim, son beau-père traumatisé par la Grande Guerre, semble l’apprécier à sa juste valeur. D’autant plus que derrière le sourire de Larita se cache le souvenir d’un drame terrible.
Stephan Elliott est un habitué des comédies qui nous avait déjà fait hurler de rire avec Priscilla, folles du désert. Ici, il signe encore une comédie jubilatoire en choisissant soigneusement ses acteurs. Jessica Biel est extrêmement américaine avec son sourire interminable et sa gaucherie charmante. Colin Firth démontre une fois encore toute la richesse de son jeu en campant un dépressif qui se cache derrière le cynisme. Mais la palme revient Kristin Scott Thomas, magistrale de rigidité et de vitriol tout en s’offusquant d’un rien. Les personnages secondaires peinent à suivre ces virtuoses (même s’ils sont tout à fait compétents) et il n’y a guère que Kris Marshall qui se démarque en majordome compatissant.
Les protagonistes sont tellement opposés dans une époque encore percluse de principes qu’il suffit de poser la caméra et de filmer pour se marrer. Le comique de situation est permanent, avec parfois des jeux outrés.
Larita et les domestiques marchant sur la pointe des pieds en arrière-plan pour enterrer le chien.
Comique de répétitions, jeux de mots, quiproquos, Easy virtue est un festival d’humour. Pourtant, derrière tous ces rires se cachent le drame, le vrai, celui qui brise des vies à jamais. La romance qui est à peine ébauchée correspond plus au rapprochement de deux âmes en peine qu’à une attirance réelle, tous deux cherchant à échapper à un quotidien insupportable d’indifférence. Chacun fuit dans le cynisme et le détachement ou la candeur et les sourires, mais les deux se reconnaissent lorsqu’ils se trouvent. Elliott est un homme fin qui, s’il nous amuse follement, doit contenir une sacrée dose de tristesse pour savoir la distiller avec tant de délicatesse.
Easy virtue reste cependant une excellente comédie, et les larmes qui ont pu perler par moment sont noyées dans celles provoquées par le rire. Heureusement !