Disséquant une tranche de leur vie qui pourrait la résumer, Sautet nous dresse un portait d’hommes et de femmes blessés dans leur chair et dans leur âme. Patrick Dewaere au regard noyé joue à la perfection ce fils mélancolique que ce père trop corné pour être sensible semble avoir toujours rejeté et pour lequel l’aversion n’est peut-être finalement que le reflet de sa propre turpitude. Tout ou presque les oppose. L’amour et la compassion que Dewaere lui voue ne reçoivent que colère et rejet. Brigitte Fossey, cassée et fragile mais sensible et amoureuse. Madeleine vivant dans l’ombre de l’homme qu’elle a toujours aimé et qui le restera. Jacques Dufilho, césarisé pour son rôle, contraste de prime abord. Mais il cache lui aussi ses souffrances et ses failles, endetté, seul et homosexuel à une époque où en France c’était encore un délit. Mais, le film est aussi un portrait de la société française qui peinait à se relever après « 30 Glorieuses ». Celle de la crise, du chômage, de l’immigration, de l’indifférence. La fin laisse entrevoir toutefois une lueur d’espoir sur ses âmes à la dérive. Qu’ils soient heureux.