Après avoir traité les médecins dans tous les sens (de campagne, le stagiaire, l’étudiant), Thomas Lilti continue son jeu des 7 familles des métiers, avec maintenant un film sur les profs. Putain, encore un.
1- Pourquoi toujours voir le film sur les profs exclusivement depuis le point de vue du prof ? Le spectateur en devient en quelque sorte l’otage émotionnel et ne peut qu’éprouver de l’empathie à son égard, alors que des étudiants il ignore tout, ne pouvant que très partiellement les comprendre. Grosse lacune à revoir. Récemment Kore-eda dans L’innocence a fui à cette unidimensionnalité en divisant un même évènement en 3 récits, dont un depuis le regard de l’enfant, ce qui modifie évidemment notre perspective.
2- Comment T. Lilti, malgré de nombreux détails réalistes qui révèlent un travail de recherche honorable de sa part, parvient-il à réaliser un film auquel on ne croit que très peu ? Les conflits en classe se résolvent comme par magie, les élèves lèvent tous la main pour répondre ou au contraire sommeillent-ils tous en harmonie, la prof met une claque quand elle est à bout. Et puis tout s’enchaîne avec une fluidité peu naturelle, au profit du rythme, parfaitement tenu, et du « tout va bien ».
3- Notre société s’infantilise-t-elle vraiment à ce point ? Dans un métier sérieux (quel titre !), les profs bouffent du Mac Do, fument des joints, jouent à la console de jeu, envoient chier leurs voisins. Pas si sérieux en effet …
4- Enfin la gestion des sentiments de T. Lilti les situent à la limite du pathétique : cette fausse solidarité entre profs, sans le moindre accroc, cette vie privée merdique qui est comme une vengeance du destin, leur manque d’argent avec pour comble la vieille Safrane dans laquelle s’entassent 5 profs (scène vraiment pathétique) et surtout cette petite déprime générale que quelques scènes sympatoches essaient d’envoyer balader.