L'arrogance de la jeunesse n'aura jamais été aussi funestement caricaturé que pendant les 15 premières minutes de ce Un moment d'égarement. Sincèrement, j'ai eu envie de quitter la salle, tellement les répliques, et du coup l'interprétation, des deux adolescentes étaient d'un ridicule. Passée cette torture, on pénètre tant bien que mal dans l'intrigue où souhaite nous emmener Jean-François Richet.
C'est donc l'histoire de deux amis de longue date qui ont la drôle d'idée d'aller en vacances accompagnés de leurs filles respectives, âgées de 17 et 18 ans. L'une d'elles finit par tomber amoureuse du père de l'autre, et le film tourne autour de ce secret de polichinelle, avec Antoine (François Cluzet, pas dans son meilleur rôle) en dindon de la farce.
La mise en scène est plutôt discrète, mais efficace, jouant parfaitement des silences et des ralentis pour faire passer la gêne ou l'émotion. Car on oscille constamment entre comédie et romance à l'eau de rose. Les jeunes actrices (Lola Le Lann, mais surtout Alice Isaaz) parviennent à dépasser leur rôle de bécasses détestables pour délivrer une performance honorable.
Car les personnages sont de grands clichés; là est le grand défaut de ce film. Du père rétrograde aux ados arrogantes et allumeuses, en passant par le papa cool, on a droit à la panoplie complète du psychologue de comptoir moderne. Blasées, vulgaires, éternellement penchées sur leurs portables, telles doivent être des adolescentes d'aujourd'hui, selon Richet. Perdus, naïfs, et lourds, ainsi sont les pères d'aujourd'hui, selon Richet; des anachronismes vivants. Et tout (scénario, répliques) contribuent à alimenter ces idées reçues.
Malgré quelques bons moments de rire (notamment grâce à un montage au couteau, qui met en exergue l'absurdité des parties de chasse d'Antoine, alors que son meilleur ami (Vincent Cassel, qui régale à nouveau dans un genre plus léger) est en train de se "farcir" sa fille) Un moment d'égarement lasse dès le départ, et se rattrape à peine par la suite.