Alors qu’il vient de s’évader de prison pour aller chercher les 350 millions de dollars qu’il a cachés à Santa Rosita, au sud de la Californie, le gangster Smiler Grogan (Jimmy Durante) fait un terrible accident sur une route de montagne. Aux cinq groupes d’automobilistes descendus pour lui porter secours, il révèle l’endroit de la planque avant de mourir. Une immense course au trésor commence à travers la Californie : c’est au premier qui arrivera à Santa Rosita…
Immense succès à sa sortie en 1963, cette comédie culte a fini par perdre une grande partie de sa renommée avec l’âge… Il est vrai que la plupart des acteurs principaux, si on exclut Spencer Tracy et Mickey Rooney, se sont quelque peu fait oublier de notre côté de l’Atlantique. Il faut tout de même savoir que plusieurs d’entre eux étaient de véritables légendes du rire dans le monde anglo-saxon, régnant aussi bien sur Broadway (Ethel Merman) que sur le monde de la télévision (Buddy Hackett, Jonathan Winters, Edie Adams…). Ainsi, on aura du mal à ressentir la même griserie que le public américain à sa découverte du film.
Cela n'empêche pas, bien sûr, de goûter une comédie ambitieuse qui, à l’image d’un Tour du monde en 80 jours de Michael Anderson, multiplie les caméos hilarants (Peter Falk, Joe E. Brown, Jerry Lewis, Buster Keaton…). Mais le plus beau, c’est que fort de ses 2h40, Un Monde fou, fou, fou, fou ne pâtit presque jamais de sa durée à la limite de l’excès et tient la route avec une constance remarquable, grâce à un rythme très soutenu et une excellente musique signée Ernest Gold.
Si l’humour est souvent assez facile, il n’en fait pas moins rire, multipliant les personnages hauts en couleurs et les situations cocasses, anticipant ainsi les futures grandes réussites de Robert Stevenson (on croirait voir ici la course finale d’Un Amour de Coccinelle étirée sur 2h40), parfumé d'un soupçon de Blake Edwards (La Grande course autour du monde). On retrouvera d’ailleurs chez le maître de la comédie Disney plusieurs des acteurs ici présents (Dorothy Provine, Buddy Hackett, Alan Carney, William Desmaret…).
On peut trouver qu’il manque un léger grain de folie à ce Monde fou, fou, fou, fou pour convaincre tout-à-fait, mais on aurait tort de bouder pour autant une comédie qui parvient à faire dans le déjanté, mais jamais dans la vulgarité, et très rarement dans l’excès.