D'après un roman autobiographique de Robert Bober, le film de Michel Deville évoque, au sortir de la seconde guerre mondiale, le traumatisme des juifs survivants et leur aptitude à reprendre le cours de la vie après l'horreur. Dans le petit atelier de couture d'Albert, un groupe incarne la mauvaise fortune des Juifs.
Il a ceux qui sont revenus des camps, ceux qui ont perdu là-bas leur famille, ou bien ceux, moins malchanceux, qui ont tenu dans la clandestinité. L'atelier d'Albert est le décor central d'une comédie triste où chacun relate sans larmes, parfois avec cet humour juif qui cache le désespoir, sa terrible expérience. Hormis Charles, le personnage de Denis Podalydès, figé dans le souvenir et le deuil, chacun tente de revivre, et quel meilleur moyen d'y parvenir que de se laisser aller aux élans du coeur. C'est par ces amours d'après-guerre et par la solidarité communautaire que passe la reconstruction.
La mise en scène de Deville se détourne du mélodrame et, au contraire, imprime, hors quelques moments intimistes, du mouvement, une vitalité chaleureuse au sein de la petite communauté. En revanche, et paradoxalement, on ne trouvera pas au film, aux personnages, une réelle intensité dramatique.