Ce film se regarde comme si on entrait dans un musée ! Avec admiration si on considère qu'il a été tourné en 1935 et se regarde comme une petite merveille, surtout si l'on considère qu'à cette époque, il n'y avait pas les moyens techniques d'aujourd'hui, les budgets colossaux, les effets spéciaux, la starisation et autres.
Et pourtant, il n'est pas suranné et on le regarde comme on feuilletterait un album de photos de familles. Tous ceux qui y ont contribué ont disparu aujourd'hui, et c'est plaisir de les voir revivre ! D'autant que le scénario a une auguste signature : celle de Jacques Prévert ! Et c'est touchant de voir certaines scènes du passé : le tram 13 de Paris avec sa destination : "Le Louvre", et puis cette superbe voiture Hispano Suiza affrontant les routes enneigées... Un bref moment d'histoire !
Etonnant le travail minutieux de Richard Pottier, le réalisateur, qui affiche une excellente maîtrise de son art,bien que ce ne soit que son second film et qui en fera une quarantaine jusqu'en 1964...
Côté acteurs, le premier rôle (Melville, le patron d'entreprise et 6° fortune mondiale) est tenu par Max Dearly, aujourd'hui oublié, mais qui fit une carrière d'acteur impressionnante avant de disparaître en 1984 à 68 ans.
Bien peu le savent, mais c'est lui qui fut à l'origine de la création du "Gala de l'Union des Artistes" destiné à venir en aide aux "saltimbanques" en difficulté... C'était un comédien réputé, tant au théâtre comme animateur de revues, qu'au music-hall comme meneur de revues ! C'est d'ailleurs le trait d'union de tous ceux qui jouent dans ce film : une diction nette et une expression orale purement théâtrales. Certains comédiens actuels qui ont la fâcheuse habitude (paresse) de mâcher leurs mots feraient bien d'en prendre de la graine !
En tête d'affiche se trouve aussi Pierre Brasseur (oui, le "père de" et "grand-père de") qui faisait ici son quatrième long-métrage. Décevant à mon sens : il est "gauche" comme s'il ne parvenait pas à entrer dans son rôle ! Heureusement, il s'est amélioré au fil du temps de son immense et longue carrière, qui se poursuivit jusqu'en 1972, année de son décès... La ravissante et jolie blonde qui l'accompagne est Monique Rolland et on retrouve également au générique Pierre Larquey et Jean Tissier aux timbres de voix tellement reconnaissables...
Ne passons pas non plus sous silence le rôle tenu "au perchoir" par Coco, le perroquet de service qui sans le savoir, va faire gagner à son maître le concours du meilleur slogan en faveur des lampes "Petitpuis" avec cet inoubliable "La lampe Petitpuis, c'est du joli"... Avec à la clef 15 jours aux sports d'hiver... La "réclame" n'était pas un vain mot à l'époque car on nous parle abondamment du whisky "Johnny Walker", dont la bouteille qu'on voit à l'écran aurait 83 ans d'âge aujourd'hui.
Comme ce film qui a été superbement restauré ! Dommage que France 3 ait programmé cette perle la nuit...
France 3 le 26.02.2018(à 00 h 50)