Des cadavres pour Noël !
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D'habitude, quand le masqué lit le nom de Franck Dubosc au fronton de son cinéma ou sur une affiche de film, il a une envie irrépressible de prendre ses jambes à son cou. Un réflexe sans doute hérité du passé de comique tout relatif de l'acteur, et de nombre des comédies françaises qui le sont tout autant et dans lesquelles il était compromis.
Aller voir, en avant-première en plus, Un Ours dans le Jura avait donc tout du geste masochiste. Car qu'est ce qui pouvait donc bien attirer Behind dans une telle galère ?
Tout simplement l'aspect polar de l'entreprise, qui l'intriguait et le rendait pour le moins curieux. Que risquait-il après tout ?
D'être un peu perdu, peut être, par le registre que Franck Dubosc a souhaité aborder. Pour le meilleur sans doute. Car pour la première fois, dans une oeuvre mettant en scène Franck Dubosc, le masqué s'est demandé s'il avait le droit de rire. Parce qu'il l'a fait, à plusieurs reprises, à son grand étonnement. Mais de manière parfois grinçante. D'autres fois comme un réflexe, devant l'incongruité de certaines répliques.
C'est qu'avec Un Ours dans le Jura, Franck s'inscrit de plein pied dans le registre des frères Coen tendance Fargo, bien sûr, avec ses décors enneigés, ses plans totalement foireux et ses forces de l'ordre qui rôdent, Benoît Poelvoorde à leur tête.
Dans une France de l'Est, rude et isolée, un peu refermée sur elle-même. Un cadre surprenant pour voir l'acteur / réalisateur étancher sa soif de sang. Partageant peut être en creux ce qu'éprouvait Fabrice Eboué en se lançant dans Barbaque.
Ainsi, les coups de feu retentissent, les corps s'entassent de manière réjouissante, les maladresses et les petites lâchetés s'enchaînent. Mais on sent clairement Franck Dubosc surtout s'intéresser à la matière humaine de son scénario. Car si les protagonistes se montrent parfois d'une absolue bêtise, jamais il ne se permet de les juger ou de se hisser au-dessus d'eux.
Franck Dubosc, au contraire, les regarde avec une certaine forme de tendresse, tournant sa caméra, une fois les impératifs de la comédie satisfaits, sur les relations qu'il tisse, marquées par une certaine absence de communication. Chez un couple rongé par l'habitude. Chez un père qui éprouve les pires difficultés à reconnaître que sa fille n'est plus une enfant.
Malheureusement, Franck ne sort pas blanc comme neige de sa troisième réalisation, la faute à certains problèmes de rythme, dessinant un ou deux ventres mous dans une oeuvre qui aurait sans doute gagné à faire un quart d'heure ou vingt minutes de moins.
Si cette tare empêche Un Ours dans le Jura de se hisser clairement au-dessus de la mêlée de la comédie française de 2024, il reste néanmoins un film attachant et humble, révélateur comme Tout le Monde Debout ou Rumba la Vie d'une certaine sincérité et d'un coeur que l'on ne soupçonnait qu'en pointillés jusqu'ici.
Si même le masqué vous le dit...
Behind_the_Mask, pas très chaud pour se faire enduire le corps de miel.
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Créée
le 11 nov. 2024
Critique lue 10.9K fois
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