Le box-office français a ses marottes, et c’est souvent des comédies de mœurs qui percent et viennent couvrir de gloire une personnalité de second plan pour la propulser sous les feux de la rampe. Et c’est donc après Dany Boon, Toledano & Nakache, puis Philippe de Chauveron (j’ai un goût de vomi dans la bouche), que Artus vient briguer la médaille. On prend une minorité laissée pour compte (et surtout qui ne dérange personne, je ne vois pas une comédie sur les transgenres faire un tel tabac - initier des passages à tabac, à la limite), on rit avec elle plutôt que d’elle, tout le monde y va de : “mais en fait c’est des gens comme vous et moi” et Paf! Ça fait des entrées!
Mais le cynique en moi doit admettre que Un p’tit truc en plus a du charme. Classique, téléphoné, et avec pour seul véritable argument de faire jouer des handicapés, mais charmant. Comme Intouchables à l’époque. Les interprétations sont justes, l’ambiance chaleureuse, et la morale sauve. Pas grand chose de plus à en dire, si ce n’est que le français moyen aime qu’on le brosse dans le sens du poil, et trouve désopilant des injures quand elles sont prononcées innocemment. Bon… Je ne suis pas sur mon terrain de prédilection, mais je ne vaux pas mieux que le français moyen (en étant à priori un, juste plus cinéphile que la moyenne) et je ne vais pas bouder mon plaisir devant ce p’tit truc feel-good qui ne pète pas plus haut que son cul, et qui possèdent certaines scènes touchantes (l’histoire de Soso par exemple).
J’ai tout de même, de façon incongrue je vous l’accorde, pensé à On the Waterfront de Elia Kazan dans l’arc du personnage d’Artus, un truand embringué dans cette vie par son cercle familial qui va trouver la rédemption en fréquentant des personnes plus malheureuses que lui. “I could have been a contender” clamait Brando. Artus en est devenu un grâce à la cinéphilie française. Tant mieux pour lui, et tant mieux pour nous car on est à des années lumières du cynisme du dernier Astérix ou de l’atrocité xénophobe des Qu’est-ce qu’on a fait…