Je ne suis pas du tout client des comédies populaires françaises.
Je trouve que c'est souvent la même formule : un homme privilégié rencontre une minorité, cette rencontre va amener des gags et des pitreries qui vont mener à une remise en question du personnage principal vis-à-vis des stéréotypes qu'il (et que le spectateur) pourrait avoir.
"Un p'tit truc en plus" pourrait rentrer dans cette case. Paulo et son père, suite à un braquage, sont obligés de se cacher dans un groupe de vacances de personnes handicapées pour échapper à la police. Le fils se fait passer pour un résident et le père pour un éducateur spécialisé.
C'est un sujet délicat à traiter, surtout au niveau de l'humour. Je ne suis pas du tout expert des situations de handicap, mais on sent que le sujet est édulcoré et idéalisé. Je suis à peu près sûr que gérer un groupe de personnes de cet acabit doit entraîner son lot de situations objectivement fatigantes, gênantes ou délicates, mais ceci n'est pas vraiment représenté à l'écran.
Certes, l'idée est de montrer une bonne facette des personnes en situation de handicap, mais je trouve que l'authenticité du message aurait gagné à montrer que ce n'est pas toujours tout rose.
Le scénario est évidemment cousu de fil blanc :
oui, le séjour va changer la vie des deux fugitifs, ils se feront démasquer, ils s'en sortiront grâce à l'intervention des handicapés, Paulo finira avec le love interest et ça finira en gros happy end.
(je mets des balises spoil mais bon... vous vous attendez vraiment à être surpris ?)
De plus, la mise en scène est assez pauvre, surtout ces gros plans forcés et suggérés qui hurlent que c'est à ces moments-là qu'on est supposé être émus, c'est assez désagréable.
Et pourtant... Je ne peux pas à mettre une mauvaise note à ce film. Malgré tous ces défauts, je ne peux pas m'empêcher de sentir la bonne volonté derrière.
Nous ne sommes pas ici face à un "Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu" qui se moque gentiment de minorités avant de les inviter à sa table avec une bonne tape dans le dos, tout en restant convaincu que la France c'est quand même le meilleur pays. Parce qu'on peut tolérer mais accepter que l'autre soit équivalent ? Faut pas déconner.
Ici, nous ne sommes clairement pas dans ce style d'hypocrisie bourgeoise.
Le personnage de Paulo est directement montré comme quelqu'un de profondément gentil et on l'imagine sans problème se fondre dans le groupe sans jugements. Les autres acteurs réellement handicapés sont représentés de façon bienveillante. Tous sont attendrissants à leur façon et bien que le film soit une comédie, aucune blague ne sonne déplacée.
Artus (réalisateur/acteur) n'est pas si différent de son personnage Paulo. Ce qu'il a fait finalement, c'est rassembler des gens qui ont ce p'tit truc en plus pour tourner un film et on envisage facilement que l'énergie positive qui se dégageait lors du tournage était similaire à celle de la colo de l'histoire.
Ça m'énerve de me l'avouer mais je n'ai pas passé un mauvais moment.
Un premier film donc mauvais techniquement et narrativement, mais qui part d'un bon sentiment et qui parle de son sujet avec une tendresse contagieuse.