Portrait biographique de cette immense star internationale qu'est Bob Dylan (prix Nobel de Littérature 2016 unique en son genre !), légende vivante de la Folk Rock depuis le début des années 60 aux Etats-Unis, ce film de James Mangold (Le Mans 66, Walk the Line) est une adaptation de l'ouvrage Dylan Goes Electric! de Elijah Wald paru en 2015.

Après les deux documentaires de Martin Scorcese, passionné de cet auteur-compositeur-interprète de génie (No Direction Home en 2005 et Rolling Thunder Review en 2019), et le biopic I'am not here de Todd Haynes en 2007, James Mangold réalise un film musical puissant et attachant focalisé sur les débuts à sensation de l'artiste en 1961, débarquant à New York à l'âge de 20 ans, jusqu'au Festival Folk de Newport en juillet 1965.

Année lors de laquelle Bob Dylan introduit pour la première fois une guitare électrique, accompagné de musiciens, dans une intervention déroutante et controversée à Newport qui marquera le début de sa période Rock.

Consacrer un film de plus de 2h sur une période d'à peine plus de 4 ans, permet au réalisateur, dans un New York entièrement d'époque (dans le quartier de Greenwich village reconstitué parfaitement à Jersey City), de nous faire ressentir qui était cet étrange et inconnu personnage, de tenter de comprendre ses origines (il venait du cirque) d'autodidacte individualiste voire égoïste, son génie pour la musique Folk, et les magnifiques rencontres qui l'ont forgé et lui ont permis de s'émanciper, en particulier Pete Seeger (excellement interprété par Edward Norton) et Woody Guthrie (Scoot McNairy) sur son lit d'hôpital, ces deux pionniers du genre qui l'ont inspiré à ses débuts.

Mais la vraie performance du film, est celle de Thimotée Chalamet, très investi dans le rôle du jeune Bob Dylan, et qui chante vraiment et avec mimétisme les nombreuses chansons interprétées, le rendant extrêmement crédible, comme dans ces incroyables Blowin' in the Wind et The Times They Are a-Changin', hymnes anti-guerre dans une Amérique des années 60, aux prises avec la guerre froide que le réalisateur nous montre parfaitement avec la crise des missiles de Cuba.

James Mangold réussit aussi très bien à dépeindre l'intimité de ses relations de cœur, sur des plans nettement différents, avec deux femmes importantes pour Bob Dylan à ses débuts, sans pour autant tomber dans l'écueil du triangle amoureux pathétique.

C'est tout d'abord l'artiste Suze Rotolo (appelée ici pudiquement Sylvie Russo et interprétée avec beaucoup d'émotion, de sensibilité et de passion par une remarquable Elle Fanning), qui figure sur la pochette de l'album The Freewheelin' Bob Dylan, et qui influence Bob Dylan de par sa participation au CORE (Congress of Racial Equality) comme le montre le film.

Mais c'est bien sûr également sa relation avec Joan Baez, ce phénomène vivant de la musique Folk que l'on voit introduire Bob Dylan au Festival du genre à Newport en 1963, mais aussi leur participation conjointe à l'édition de 1964. Sous les traits de l'excellente actrice Monica Barbaro, Joan Baez a une très belle présence dans le film avec leurs joutes de musiciens en mode je t'aime moi non plus...

Cependant, dans son comportement égoïste voire autistique, Bob Dylan, acharné d'écriture, ne suivra que son instinct et ses envies, ce que le métrage nous montre au fil de ses rencontres avec Johnny Cash (dont James Mangold a fait le biopic Walk the line en 2005), Al Kooper, Bob Neuwirth, ou le blues band de Paul Butterfiled qui le conduisent irrémédiablement vers la musique électrique dès 1965.

Une réalisation qui nous aide à mieux cerner qui était cet "Ovni" de la chanson populaire dans les années 60, avec un scénario original, non académique, et une mise en scène musicale parfaite, une ballade passionnante du début à la fin.

Azur-Uno
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le 23 janv. 2025

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