D'aucuns critiqueront ce documentaire de se montrer partisan. C'est qu'ils n'auront pas voulu voir où se place le vrai débat qui s'y trouve.
Dufresne ne cherche pas ici à donner raison ou non au camps des manifestants. Il y a des manifestations, des débordements, c'est un fait, on doit le prendre comme tel et pouvoir en parler. Il cherche surtout à analyser les mécanismes de langage d'un gouvernement qui s'octroie l'usage de la force via un corps de police dont il se sert, à tort ou à raison, à des fins qui seraient donc plus "légitimes" que toute autre violence.
Il n'est donc pas question ici de prendre position pour l'un ou l'autre camps mais de réfléchir à ce qui se passe réellement sur les images montrées, sur des paroles dites et tous les symboles que celles-ci prennent.
En cela, c'est passionnant et nécessaire !
On peut toujours pérorer sur qui a raison ou tort, il est un fait sans aucune contestation possible : des gens désespérés, et dont personne ne semble vouloir s'intéresser à leurs problèmes puisque concrètement leur quotidien ne fait que se dégrader, se sont attaqués à des symboles du capitalisme ou de l'impérialisme gouvernemental sans intention de tuer et le gouvernement y a répondu, lui, avec des armes dans les mains et dans la bouche.
Qu'on soit dans un camps ou dans un autre, tout citoyen devrait s'interroger sur ce choix du pouvoir d'imposer le silence dans ses rangs, de refuser la contradiction aussi violente soit-elle, de prier un peuple à montrer qu'il est encore un peu en vie, mais avec politesse !