Comme nous le savons tous ; les temps changent. Reste au cinéma de nous en émouvoir ou de nous en faire rire. Le cadre : la Wallonie, et de fait le chômage. Jacques (Romain Duris) avait un passé d'ouvrier des plus banales et simples, jusqu'au jour fatidique de la fermeture. Le mafieux de la région "que tout le monde connait" Gardot (Michel Blanc) lui propose comme une offre qu'on ne peut pas refuser : que Jacques tue sa femme contre une grosse somme d'argent et l'effacement de son ardoise au poker.
Tuer la femme d'un ami à qui on doit de l'agent quand on est au chômage, ça se refuse pas. Pourtant, le lendemain, l'ami de Jacques qui tient la station-service du coin (Gustave de Kervern) lui donne un poste de vendeur. Trop tard, Jacques doit honorer son contrat envers Gardot. Le bougre va-t-il y prendre goût ? L'amitié, l'amour le remettra-t-il vers le droit chemin ?
Si le film nous permet une immersion dans une salle histoire de meurtres, de misère sociale ce n'est pas par un pathos gonflant, mais bien par le rire. Nous avons là une espèce rare de polar ; un polar tragi-comique. Nous n'avons de cesse d'avoir les lèvres tendues devant un univers burlesque où l'homme est dérisoires face à son environnement socio-économique. N'allons pas omettre que le film n’est pas dénué d'un discours critique face au capitalisme actionnarial. N'oublions pas qu'il y a là une forme de réalisme esthétique qui malgré tout, nous fait rire. A mon sens, la force de ce film est d'avoir créer un univers burlesque et réaliste où la morale s’obtienne à garder une place... sans être moralisatrice !
Un mot sur les acteurs : perfection ! La justesse que l'on sait de Romain Duris avec les mots de Michel Blanc en dialoguiste fait qu'Un Petit boulot est l'une des rares comédies actuelles qui ne nous fait pas regretter Michel Audiard. Michel Blanc nous offre un portrait de mafieux obscure mais franchement touchant, tout en finesse et en retenue. Le reste des acteurs assistent ce duo avec minutie et force. Je sais qu'en présence de Michel Blanc, Romain Duris, Gustave de Kervern mon objectivité a ses limites. Toutefois, je pense que démontrer un manquement des acteurs de ce film n'est pas tâche facile.
Que peut-on en redire ? Et bien peut-être un rythme un peu trop plaqué. Un placement produit pour Ch**** un peut trop évident. Puis, comme un quelque chose qui manque dû à une volonté d'équilibré entre tragédie et humour, et donc de n'être jamais a fond, que l'immersion ne soit pas absolue. Alors, le regretté Pascal Chaumeil, pour son dernier film ne nous offre peut-être pas un chef-d'œuvre.... mais indéniablement une réussite.