Un long-métrage qui offre une légèreté étonnante à un sujet bien lourd par la réalité qu'il dépeint.
La fiction qui est ici présentée, se base sur une réalité sociale bien concrète, la délocalisation des usines françaises dans des pays où les travailleurs "coûtent moins cher" afin que les coûts baissent et les profits augmentent pour une poignée de gens qui pourraient se payer plusieurs vies en une seule.
On nous emmène dans un village de la France, éloigné de la capitale ou des métropoles, où le quotidien de ceux qui y habitent se développe dans une réalité totalement parallèle, de celle des habitants des milieux urbains.
On découvre Jacques ouvrier, qui comme beaucoup en France, se sont fait licencier aussi vite que possible et en grand nombre.
Les possibilités de trouver un travail honnête se font rares, instables et incertaines.
L'épreuve de la perte d'emploi dans un milieu qui ne fait que supprimer les lieux de travail, affectent rapidement les vies de famille et la santé des personnages, qui se retrouvent désemparés et seuls. Chacun fait ce qu'il peut pour continuer de survivre mais ce n'est pas suffisant.
Jacques et ses deux amis et anciens collègues d'usine, se retrouvent coincés dans un endroit qui a perdu presque tout ce qu'il avait à offrir. Sauf le bar local où tous les trois se retrouvent souvent et le, toujours très arrangeant, miafieux du coin.
Le début de la carrière de tuer à gages entamée brusquement par le personnage qu'interprète Romain Duris (Jacques) peut sembler impensable, exagérée voir meme grotesque, puisque à peine à 18minutes de film, ses deux premières victimes font les frais de la précarité qui a poussé le personnage à accepter ce "petit boulot".
En moins de 20minutes ce tournant déterminant pour celui qui s'est vu contraint de l'entreprendre; déstabilise. Il crée un choc entre l'introduction qui semblait porter plus sur la dépression liée à la perte de qualité de vie dans les milieux ruraux et prend un virage d'une violence beaucoup plus évident à déceler, sanglante et facile à juger immorale. Les personnages eux même parlent de la différence de quantité d'impact de leur ancien travail qui tue à petit feu et en grande quantités, et le travail qui tue proprement et efficacement la racine du problème déjà complètement tâché de sang de son vivant.
C'est une fiction qui nous alerte avec clarté mais aussi une certaine naïvet, que tout peut devenir travail si on est assez précaire.