Un film comme Un peuple et son roi a de quoi attiser la curiosité tant la Révolution s'avère être une période historique de la France qui résonne plus que jamais comme un écho, pas si lointain que cela finalement.
C'est donc avec une amère déception que l'on termine le visionnage du film. Pierre Schoeller signe ici une oeuvre ambitieuse mais qui tombe trop souvent dans tous les travers du film historique et politique. La plus grande erreur d'Un peuple et son roi étant de prendre parti, là où jouer sur la neutralité et se contenter d'apporter du réalisme aurait permis à tout à chacun d'appréhender le film plus sainement. Le film nous ressert bêtement la sempiternelle rengaine du très méchant Louis XVI et de son pauvre peuple, éludant tous les complots et autres ressorts propres à la période révolutionnaire.
Malgré son ambition le film manque clairement de prises de risques, il ne faut pas choquer le spectateur, ce n'est donc pas encore ici qu'on apprendra que la Révolution aurait pu se faire autrement que dans le sang. Il est également important de rappeler que le film fait totalement l'impasse sur les révoltes citoyennes anti-révolutionnaires, notamment dans l'ouest du royaume avec les chouanneries Vendéennes. Un film aux allures de livre d'histoire formaté et sans conviction si ce n'est celle d'encenser un mouvement en le réduisant à une simple prise de pouvoir du peuple sur la royauté. Chose que l'on connaît tous depuis le collège. Difficile ici de ne pas y voir la peur de prendre des risques, tant le film se révèle pourtant infaillible quand il s'agit de narrer des évènement précis.
A côté de cela le film souffre d'un montage fouillis et d'une narration qui ne fait que survoler la période révolutionnaire, difficile de faire un film sur un tel sujet en deux petites heures. La mise en scène revanche s'avère superbe, tout comme la photographie ainsi que les décors. La reconstitution de l'époque est parfaite, c'est donc d'autant plus dommage qu'à l'exception de Laurent Lafitte, Olivier Gourmet et Louis Garrel, tout le reste du casting soit en roue libre. Même la magnifique Céline Salette, chose que je croyais impossible.
Un peuple et son roi est donc une sacrée déception, là où il y avait énormément de choses à raconter, le film de Pierre Schoeller se contente du strict nécessaire sans même parvenir à le faire correctement. Une propagande républicaine sans queue ni tête qui ne fait ni honneurs aux hommes et aux femmes qui se sont soulevé en 1789, ni au roi qui s'est retrouvé pris au piège par son propre pouvoir.