Drôle de titre pour un film qui efface presque complètement le roi, c'est le chat sans la souris là... à part pour le ranger derrière un cauchemar insensé - la scène du dit cauchemar avec les quatre rois est idiote, aucun sens, et où Louis XI ne devrait même pas être là... (vous savez pourquoi, n'est-ce pas) -.
Louis, c'est le tyran, ne cherchez pas pourquoi dans ce film, on ne vous le dit pas, Louis XVI était un méchant et pis c'est tout. (Quand je pense que c'est lui qui avait fait abolir la torture -question préparatoire en 1780 et question préalable en 1788-, il y en avait bien d'autres, des rois, à dessouder avant, bien avant mais, laissons l'avis là).
Un peuple sans son roi, ou Un bout de peuple et une vague idée de roi, eut été titre plus adapté à la "fresquounette" romanesque, et seulement une idée vague (et ventrue ; de plus, raté, la bedaine royale a tout du coussin de mardi gras, on se demande si l'acteur ne va pas le perdre en route).
En fait, dans ce film, il s'agit d'une petite tranche d'un peuple seulement dans lequel n'est mis en avant qu'une pauvre femme défendant la sauvegarde du corps du roi, elle se fait cracher à la figure parce qu'elle pense la mort du dit roi injuste et impossible (on est dans le peuple là, pas à l'assemblée où bien sûr on vous sert des morceaux des discours contradictoires).
Il faut lire, lire, lire, sur l'histoire du peuple de Paris, c'était beaucoup plus bousculant et contradictoire que cela et avec la religion toujours très présente et très importante dans l'esprit des gens (pas seulement pour les baptêmes et les pro-réfractaires, certains des plus durs révolutionnaires allant se cacher pour se faire marier par des prêtres réfractaires, comme Danton, entre autres - m'enfin dieu était mort, euh non, le roi), religion présente bien plus qu'évoquée et jusque tard et la déchristianisation (sauvage par endroits nombreux). On ne voit donc qu'un "bon" peuple, un gentil mignon peuple du bon côté de la pensée révolutionnaire, avec une grosse dose d'oubli de la violence extrême et des carnages d'un côté et de l'autre (malgré les scènes comme celle rapportant le 10 août 1792 sans doute "très réaliste", j'ironise, parce qu'on a mis deux ou trois gardes suisses à poil sur les pavés pour jouer aux cadavres ! on n'y croit pas un poil (de garde suisse peut-être) !
Les massacres de septembre (1792) sont parfaitement ignorés. On ne relève qu'une petite question de la femme du souffleur de verre quand elle lui dit "et les morts de septembre ? ", le pauvre aveugle artisan verrier lui répondant que leurs âmes soient en paix... Vous connaissez parfaitement l'Histoire, n'est-ce pas, tout le monde se la rappelle, pour peu qu'on vous l'ait enseignée à l'école, alors il n'est sans doute pas besoin d'aller au-delà d'une microscopique réflexion ridicule voulant passer pour un sous-entendu entendu... qu'on n'entend pas ! Les tueries de septembre ne valaient pas la peine qu'on s'y attarde... Avec cela, où le contexte de la révolution se retrouve-t-il quand il est abordé en excluant de ses côtés les plus sombres et la détresse pendulaire du peuple ? Et ce n'est pas le défilé des représentations des célébrités de l'époque qui convainc, trop de survol de rien.
L'ambiance est creuse, plate, j'imagine un frigo couvert d'images magnétiques, sortez le diapo, collez une musique et quelques silences pour faire imaginer la violence des bruits, et hop, ça paiera. La mort de l'enfant de la lavandière qui n'arrache pas la larme et l'amour entre Françoise et Basile tentent péniblement d'être le mortier pour faire tenir les pièces d'un puzzle mal monté, ça ne fonctionne pas. Pas que le mortier ne soit de qualité mais c'est qu'il n'a rien à faire tenir car le film est comme une araignée d'eau, il reste à la surface (et une surface de parti pris) sans plonger dans la révolution ni dans son peuple et encore moins dans la réalité de son roi.
Au fait, la prise de la Bastille, vous vous rappelez aussi qu'il s'agissait plutôt d'une reddition après négociation à table (bien arrosée) ? (ce qui n'a pas empêché que la tête de (de) Launay finisse sur une pique).
Le côté agréable du film se trouve dans les petites scènes de soufflage de verre et dans l'allure de Marat. Ah, j'ai assez bien aimé la représentation de l'homme ici, presque le seul crédible parce qu'un peu plus "épais" de présence (je ne parle pas de durée des scènes, seulement de son accroche à l'écran).
mh