• Un pistolet... Ma vie pour un pistolet... Quelqu'un a déjà dû dire ça...

  • Shakespeare.

  • Ha oui.




Ringo, une des figures emblématiques du western italien



Un pistolet pour Ringo réalisé par Duccio Tessari, est un western italo-espagnol au service d'un divertissement croustillant et insolent. Sur un scénario d'Alfonso Balcazar et de Duccio Tessari lui-même, on découvre un far west casse-cou risque-tout outrecuidant dans lequel on suit un héros pas comme les autres. Ringo alias "Visage d'Ange"(Giuliano Gemma), est un cowboy hardi effronté sans scrupules qui n'a pas froid aux yeux. Une gâchette rapide enfermée dans une cellule de la ville de Quemado après un démêlé expéditif. Suite au cambriolage musclé de la banque de la ville par des bandits mexicains, commandés par "Sancho" (Fernando Sancho), le shérif "Ben" (George Martin), se retrouve à devoir gérer la prise d'otage (par les bandits) d'une hacienda occupée par sa fiancée "Ruby" (Lorella De Luca), ainsi que son beau-père le major "Clyde" (Antonio Casas). À quelques kilomètres de la frontière Mexicaine, les malfrats essayent de percer la défense du shérif, qui n'a d'autre solution que de libérer Ringo de sa cellule pour en échange (en plus d'une coquette somme), infiltrer la villa pour en déloger les bandits. Débute un périple pétillant où Ringo brille de par son panache naturel, son esprit indomptable ainsi que de par sa frivolité au point de devenir une icône du genre, qui rapidement aura droit à une suite avec Le Retour de Ringo réalisé par Duccio Tessari.


Une attitude irréductible en phase avec l'essence désinvolte de l'histoire qui se déroule le jour de Noël. Un western de Noël avec des personnages célébrant cette fête à travers les décorations, les chants et même un arbre de Noël, le tout, sous une violence excessive. Fallait oser ! L'humour désamorce le degré ultra violent du film, pour autant, il ne bascule jamais totalement dans l'hilarité absolue ce qui permet de conserver la tension des enjeux. Un burlesque en partie sous contrôle qui n'agit jamais comme un film de comédie à part entière, bien que certaines situations se trouvent un peu trop tirer par les cheveux. Une parodie brutale, bon enfant, gaie et cocasse, jamais ridicule ni désopilante ce qui favorise une construction narrative digeste pour le spectateur, qui s'amuse des pitreries tout en s'inquiétant des situations dramatiques périlleuses souvent conséquentes. Les scènes d'action sont agréables à regarder. À l'image de Ringo, les fusillades sont irrévérencieuses comme lors de la première apparition de celui-ci, où il descend instantanément quatre hommes armés tout en jouant à la marelle. Une introduction qui a le mérite de poser le ton. S'ensuivent des péripéties satisfaisantes parmi lesquelles Ringo joue habilement de son six coups ainsi que de sa langue avec une utilisation théâtrale du verbe. On se régale d'une bagarre mouvementée entre Ringo et un bandit essayant de violer la pauvre Miss Ruby (Lorella De Luca). Un combat d'une générosité écrasante à la résultante implacable. La confrontation finale est à la hauteur du spectacle avec une fusillade conséquente offrant une conclusion divertissante.



Ringo, dit "Visage d'Ange", c'est moi !



La réalisation de Duccio Tessari offre une structure appréciable à travers une photographie de style sur un rythme bien entretenu. Le compositeur Ennio Morricone, est derrière la musique. Une composition musicale satisfaisante bien qu'un peu trop sage, qui trouve sa richesse à travers la chanson d'introduction et de clôture du film. Du chanteur italien "Maurizio Graf", il propose avec le titre "Angel face" une chanson entraînante. Côté distribution, Duccio Tessari met une fois de plus en avant son comédien fétiche qu'il a révélé en 1962 dans un petit rôle pour le film « Les Titans », alors qu'il n'était qu'un cascadeur : "Giuliano Gemma". Sous les traits de Ringo, Gemma trouve un rôle emblématique. Un personnage qui finira d'installer durablement le comédien sur le devant de la scène. Survolté, charmant, drôle, emporté, sournois et implacable, Ringo imprègne instantanément le récit de sa présence par une posture irrésistible qui s'inscrira à jamais dans l'histoire du western italien. Un cowboy aussi sympathique que dangereux.


Fernando Sancho en tant que méchant principal offre une posture drolatique étonnante où le grotesque du personnage se conjugue avec le caractère impitoyable de celui-ci. Une caricature corpulente enjouée qui rigole aussi facilement qu'il tue sans la moindre pitié les hommes comme les femmes. Lorella De Luca en tant que Miss Ruby offre une performance convaincante en tant que jeune femme inexpérimentée et sans doute beaucoup trop gâtée. Nieves Navarro pour Dolores est à tomber par terre tant sa beauté transcende chaque image la mettant en avant. Elle est renversante ! Antonio Casas pour le major Clyde, chef de famille de la villa submergée, me laisse dubitatif. Un homme qui essaye de s'adapter à la situation périlleuse en se proposant comme un hôte de valeur auprès des assaillants, de trop grande valeur. Il en vient à s'amouracher et à se jeter dans un jeu de séduction avec la belle Dolores malgré le danger de la situation et le fait que sa populace se fait froidement abattre les uns après les autres. Une posture improbable qui contraste mal ! Enfin, George Martin pour le shérif Ben, s'impose comme le gendre par excellence. Un personnage parfait sous tous les angles qu'on a déjà vus des centaines de fois. Heureusement pour lui, il est sympathique. Le reste de la distribution sans être irréprochable fait le travail à travers des protagonistes pas très futés qui n'ont pas inventé l'eau chaude.



CONCLUSION :



Un pistolet pour Ringo réalisé par Duccio Tessari est un western italien irrévérencieux divertissant. Un far west dynamique, grave et léger posant les codes du "sale gosse" à travers une posture drolatique ironique qui sans totalement virer dans le film de comédie imprègne le genre d'un humour bon enfant dilué sous un déluge de violence implacable. Un spectacle distrayant qui sans être incroyable fait le taf. On passe un petit moment agréable.


Avec Ringo, le comédien Giuliano Gemma s'inscrit dans la légende du western italien.



"Pays qui ne connaissent que le printemps
"Et tes champs verts, avec ton parfum de foin
"Connais Ringo, avec son visage d'ange
"Et une femme qui attendait son retour
"Traverser les canyons il riait
"Au fond de la vallée la mort
"Et il a laissé derrière lui une rivière de sang
"Car sa vie était guidée
"Par une loi grossière
"Il n'avait qu'un esprit pour obtenir de l'or
"Rivers, tu sais comment est l'histoire
"Et son rire était un présage de mort
"Ringo, avait un visage d'ange
"Mais chaque fois que Ringo riait,
"Ringo viré
"Ringo avait un visage d'ange
"Mais chaque fois que Ringo riait,
"Ringo viré


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le 28 déc. 2022

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