Un poisson nommé Wanda par limma

"Un poisson nommé Wanda" c’est l’art et la manière du comique à l’anglaise ou comment bien rire de la cupidité et des multiples manigances à gagner le pactole.
Réalisation de Charles Crichton qui ici est inspiré et J.Cleese en co-scénariste averti. Cette comédie au soupçon d’intrigue policière se révèle grâce à ses acteurs et ses gags à répétition.  

Wanda, Otto, Ken et George commettent un vol de diamants. Dénoncé par Wanda et Otto, George se retrouve en prison, mais le butin est caché. Wanda développera des trésors d’ingéniosité pour le récupérer.

Archie, (John Cleese)  quelque peu soumis à sa famille, marié à une femme peu encline à la douceur, avocat guindé, sera dépassé par sa rencontre avec Wanda (Jamie Lee Curtis) et retrouvera goût à la vie grâce à ce nouvel amour improbable. Wanda, parfaite en séductrice manipulatrice saura être féroce quand ses objectifs seront mis en danger et n’hésitera pas à faire du « tri ». Ken (Michael Palin)  gangster transparent, tout à la cause animale, sera le fidèle soldat, Georges (Tom Georgeson) le truand raté réfléchissant à un énième hold-up et OttO... (Kevin Kline), ex-agent de la CIA, amant de la belle, à tendance psychopathe, peu enclin à se laisser malmener, et ne supportant pas que l’on puisse mettre en cause sa grandeur en toute chose. Fou furieux amoureux, imprévisible et dangereux il est trés vite vexé. « Surtout mais surtout, ne me traite jamais, jamais…. de débile « ! Et pourtant.

Dès les premières minutes les protagonistes et leurs caractéristiques sont brossés. On restera quand même dans le flou pour certains détails et un scénario qui joue habilement sur les incompréhensions multiples, mais l’amorce permet d’être rapidement dans le feu de l’action. Entre quiproquos savoureux, trahisons, jalousies, chiens et poissons dans de délicates situations c’est le rapport au langage qui est jubilatoire. De ken, bègue, à Otto et ses belles paroles, passant par ses citations de Nietzsche, adepte de plaisanteries lourdes et de torture verbale à l’encontre de Ken, à "son Pearl Harbor" qu’il prend pour une actrice...Du décalage de dialogues entre Archie et son épouse, du fantasme pour Wanda pour les langues étrangères (les mots d’amour italiens de Otto ou ceux en Russe de Archie) tout n’est que pur délire et discours croisés. Dialogues jonglant sans cesse sur les manipulations et les mensonges, la politesse de Archie et la grossièreté de Otto, pour finir par nous rendre à l’évidence que les belles phrases ne servent finalement pas à grand-chose, à l’image de Otto, qui tout beau parleur qu’il est, restera le plus beau perdant.

Pour en filigrane taper un peu sur les anglais et leur mode de vie coincée qui prendra forme dans le personnage d’Archie, qui renaîtra pour une vie meilleure, balayant les conventions.
Michael Palin et John Cleese sont des anciens des Monthy Python et le ton est donné. Malgré les années, cette comédie reste toujours un petit bijou de fantaisie, de bonne humeur et de franche rigolade.