L’idée du film qu’on doit à Danilo Massi, le fils du réalisateur Stelvio, est originale et pertinente. Plutôt que de se concentrer sur une intrigue construite autour d’un forfait précis, elle propose de suivre le personnage du commissaire Olmo interprété par Maurizio Merli. Le film se découpe ainsi en deux parties égales (50 minutes environ), la première se déroulant à Rome et la seconde à Civitanova Marche, la ville natale du réalisateur. On a ainsi l’impression de regarder deux épisodes d’une série. Le concept peut dérouter car les deux parties n’ont en commun que le personnage principal. Il peut d’autant plus être perturbant que la première partie se referme sans véritable conclusion. En effet, alors qu’il lutte pour faire tomber un haut fonctionnaire des douanes corrompu, il finit par payer le prix de ses méthodes brutales en abattant, par erreur, un carabinier. Cette bavure le contraint à prendre le large en étant muté dans une petite bourgade éloignée des centres urbains où la violence est partout. Mais, bien évidemment, il mettra à jour à Civitanova Marche un trafic d’armes menée par la pègre locale qui le conduira à agir, à nouveau, selon ses propres méthodes avec, cette fois, davantage de réussite. Notons cependant que la première partie qui se termine en eau de boudin met en évidence que les crapules passent aussi à travers les mailles du filet.


Typique du poliziottesco taxé de fascisme en raison du comportement excessif du commissaire Olmo, l’ensemble mérite cependant qu’on se penche sur son contenu avec davantage de recul. Pas certain, en effet, que le film porte aux nues son personnage principal qui, où qu’il soit, semble attirer le désordre. Ainsi la première scène à Civitanova Marche le montre en train de dérouiller une bande de jeunes qui tournaient autour d’une belle femme accoudée au bar. Fin comme une râpe neuve, notre Maurizio Merli national rentre dans le tas, met le bar sens dessus dessous tandis que le patron de celui-ci téléphone à la police. Si cet acte de bravoure lui permet de prendre le cœur de la belle et d’épater ses collègues qui débarquent pour mettre fin à cette bagarre, le double langage s’impose. Le personnage de Maurizio Merli n’est pas simplement là pour remettre de l’ordre, il est aussi un membre actif du désordre ambiant. Partout où il va, partout où se trouve, il faut qu’il cogne, il faut qu’il tire, à l’image du coup de feu malheureux qu’il a tiré en direction d’un carabinier. Bien entendu, dans cette deuxième partie où il fait la chasse à des trafiquants, son action est juste. Alors qu’ils sont peu nombreux à croire qu’un tel trafic puisse exister sur ce territoire, il se trouve qu’il a raison. Cependant ses méthodes ne semblent jamais justifiées par le réalisateur. On le suit tout au long du film, on s’attache d’une certaine façon à lui, mais cela n’engendre pas forcément la complaisance.


De ce film peut-être plus ambigu qu’il n’y paraît, on peut, malgré tout, reprocher un scénario pas franchement à la hauteur du sujet. Plus le film avance, plus le film s’éloigne du portrait psychologique de son protagoniste pour en faire un pur personnage d’action. De ce choix pas très heureux découle des scènes qui s’enchaînent parfois de façon abrupte et qui tourne le dos à une certaine fluidité scénaristique. Stelvio Massi sacrifie ainsi la pertinence de la deuxième partie de son récit à la seule efficacité de ses scènes d’action. C’est regrettable, d’autant plus que l’excellente partition signée Stelvio Cipriani méritait un film plus abouti. Le résultat est donc distrayant mais il ne parvient pas à rendre justice à son idée initiale.


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le 30 mai 2024

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