Il est dommage que la fable politique, dans Coming to America, se cantonne au chemin balisé de la comédie romantique sur fond d’outrances et de grossièretés ; il y avait là un sujet en or sur les quartiers pauvres de New York, en l’occurrence le Queens, et le regard d’Akeem, comme celui de Candide chassé de son paradis terrestre, n’est que rarement démystificateur. John Landis aborde le politique comme un vaste cérémonial exotique mais ne pense jamais l’étape américaine de son prince en confrontation de valeurs idéologiques ; son seul propos, par ailleurs convaincant, tient à l’idée que l’amour nous pousse à dépasser les apparences pour changer celui que l’on aime en prince, celle que l’on aime en princesse. L’habit ne fait pas le moine, et la plus grande des richesses se trouve dans le cœur humain.
Tout cela s’avère charmant mais manque cruellement de mordant. Aussi la première partie du long métrage tourne-t-elle à vide, entrecoupée d’idées loufoques plutôt réjouissantes ; la seconde réussit néanmoins à accrocher son spectateur par l’attachement qu’elle porte à des personnages pourvus d’une certaine authenticité et d’une justesse d’écriture. Les caricatures s’estompent peu à peu pour laisser voir deux amants contraints d’évoluer dans un même modèle patriarcal qui pense le mariage tel un arrangement économique et intéressé entre deux familles. C’est donc sur la reproduction des traditions dites ancestrales du royaume de Zaminda dans les quartiers pauvres de New York qu’insiste justement la fable, laissant McDowell et ses barbiers médisants en toile de fond comique alors qu’ils signifiaient bien davantage – le fait, par exemple, que McDonald’s gave les populations les plus pauvres de produits alimentaires médiocres responsables de l’obésité, du diabète et d’autres maladies et cancers, reproduit ici en une simple déclinaison rigolote.