Il est dommage que la fable politique, dans Coming to America, se cantonne au chemin balisé de la comédie romantique sur fond d’outrances et de grossièretés ; il y avait là un sujet en or sur les quartiers pauvres de New York, en l’occurrence le Queens, et le regard d’Akeem, comme celui de Candide chassé de son paradis terrestre, n’est que rarement démystificateur. John Landis aborde le politique comme un vaste cérémonial exotique mais ne pense jamais l’étape américaine de son prince en confrontation de valeurs idéologiques ; son seul propos, par ailleurs convaincant, tient à l’idée que l’amour nous pousse à dépasser les apparences pour changer celui que l’on aime en prince, celle que l’on aime en princesse. L’habit ne fait pas le moine, et la plus grande des richesses se trouve dans le cœur humain.


Tout cela s’avère charmant mais manque cruellement de mordant. Aussi la première partie du long métrage tourne-t-elle à vide, entrecoupée d’idées loufoques plutôt réjouissantes ; la seconde réussit néanmoins à accrocher son spectateur par l’attachement qu’elle porte à des personnages pourvus d’une certaine authenticité et d’une justesse d’écriture. Les caricatures s’estompent peu à peu pour laisser voir deux amants contraints d’évoluer dans un même modèle patriarcal qui pense le mariage tel un arrangement économique et intéressé entre deux familles. C’est donc sur la reproduction des traditions dites ancestrales du royaume de Zaminda dans les quartiers pauvres de New York qu’insiste justement la fable, laissant McDowell et ses barbiers médisants en toile de fond comique alors qu’ils signifiaient bien davantage – le fait, par exemple, que McDonald’s gave les populations les plus pauvres de produits alimentaires médiocres responsables de l’obésité, du diabète et d’autres maladies et cancers, reproduit ici en une simple déclinaison rigolote.

Créée

le 7 mars 2021

Critique lue 137 fois

3 j'aime

Critique lue 137 fois

3

D'autres avis sur Un prince à New York

Un prince à New York
Ugly
7

Une queen dans le Queens

Après Un fauteuil pour deux, le tandem John Landis-Eddie Murphy se reforme pour cette comédie d'un niveau un peu en-dessous, mais néanmoins sympathique, c'est une sorte d' "Oliver Twist" à l'envers...

Par

le 6 juil. 2018

20 j'aime

Un prince à New York
Torpenn
5

L'Eddie commandement

Tu ne riras point. Revenons une fois de plus (la dernière j’espère) sur le phénomène Eddie Murphy, météore comique au rire de hyène qui fit les beaux jours des années quatre-vingt et s’écrasa en...

le 11 janv. 2014

19 j'aime

7

Un prince à New York
cinemusic
7

A la recherche d'une reine dans le...Queens !

Akeem (Eddie Murphy), un prince de Zamunda (une nation africaine), doit se marier à une femme qu'il n'a jamais vue comme le veut la coutume royale. Le prince décide de rompre cette tradition en...

le 2 déc. 2021

13 j'aime

7

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

89 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

78 j'aime

14