J'avais peur d'être déçu après tout le battage fait autour du film, j'avais peur que Tahar Rahim n'arrive pas à me faire oublier sa prestation assez peu crédible dans "La commune" et je ne savais pas trop à quoi m'attendre au final.
Rien à redire sur le jeu des comédiens, quels qu'ils soient. Tahar Rahim est vraiment bluffant mais il peut remercier Audiard de lui avoir confié un rôle aussi riche, aussi fort et qui demande (et permette du coup) de montrer autant sa palette de jeu... Il s'en sort à merveille. Les scènes d'hallucination sont morbidement superbes et même réconfortantes pour le spectateur. Cette complicité étrange entre Malik et Reyeb est assez fascinante et en même temps ce qu'elle implique de la mentalité de Malik met mal à l'aise. Putain ce rôle de Malik quand même... Cet espèce d'œdipe auquel vient se greffer la prison, les prises de pouvoir, de soumission et de domination est vraiment puissant.
On comprend le destin de César assez vite (Niels Arestrup qui envoie salement du bois même si parfois il lui a manqué un petit quelque chose d'authenticité dans certaines scènes) mais ça n'en rend le développement que plus écrasant. Le vieux lion qui sent sa fin proche et tente le tout pour le tout... Il y a un coté pathétique dans le comportement de César, le vieux caïd en fin de règne qui se cherche un héritier.
Adel Bencherif (Ryad) m'a beaucoup impressionné, j'aimais beaucoup sa douceur à l'intérieur et j'ai beaucoup aimé sa fuite en avant dehors avant l'issue finale, toujours très juste. Quant à Jordy le Gitan, fabuleux casting pour le coup.
Concernant le scénario en lui-même... J'ai des doutes sur certains passages un peu trop "faciles" dans la violence ou l'organisation. Même si putain, les scènes de préparation d'avant l'action et la restitution de la pression pendant celle-ci m'ont vraiment scotché à mon fauteuil. Plein la gueule, la trouille, le fait de plus pouvoir revenir en arrière (spéciale dédicace à Somno, i know you feel this) et puis ce qui reste après...
En revanche, en ce qui concerne la solitude, la difficulté du quotidien carcéral, visiblement Audiard a choisi de s'en débarrasser assez rapidement et finalement, la violence ne devient qu'une mouche du coche pour Malik sur qui tout semble glisser. Assez déstabilisante cette image de la prison d'ailleurs mais je serais incapable de dire si elle est réaliste ou non... Je m'en fous au final je crois, il y a trop de sincérité ailleurs pour que ça m'importe vraiment.
En tout cas, le film mérite bien toutes les louanges qu'on a pu lui adresser... Chapeau bas là.