Le roman de Giono, "le roi sans divertissement" est très complexe ; il est une illustration de la phrase de Pascal que j'ai mise en titre. Je me souviens avoir eu beaucoup de difficultés à le lire car, de digressions en digressions, on finit par ne plus savoir ce qu'il en est effectivement et, surtout, ce que l'auteur veut dire.
L'acquisition du DVD était donc une bonne occasion de remettre de l'ordre dans ma tête d'autant plus que le film était produit par Giono sur un scénario établi par lui-même.
En fait, le film est une adaptation du roman où beaucoup d'évènements, de personnages, de situations du roman sont simplifiées. Le film, finalement, donne une bonne idée de la trajectoire intellectuelle de Giono dans ce roman. Il me reste à relire le roman sur ces bases. Une fois n'est pas coutume, le film me servira d'initiation au roman !
Que dire du scénario ? Un capitaine de gendarmerie est dépêché par un procureur dans les années 1840 dans un village du Trièves, isolé par la neige, pour enquêter sur la disparition d'une jeune fille. Persuadé que la disparition (et probablement le crime) a été commis par une personne du village, il essaie de se mette à la place pour élucider et comprendre les motivations de l'assassin.
Que dire du film ?
La réalisation de François Leterrier (que je ne connais pas) me parait de bon niveau. La mise en scène rend plutôt bien l'angoisse ou l'ennui que peuvent créer ces paysages de neige où la vie tourne au ralenti en une espèce de huis-clos ou du moins dans un monde aux dimensions finies. Le hêtre (le feuillard dans le film) plusieurs fois centenaire est central dans le film (comme dans le livre d'ailleurs). On commence à le situer sur une carte, à l'entrevoir dans le film puis l'image se précise à travers un énorme chandelier dans l'église et un vase très tarabiscoté avant de voir vraiment l'arbre.
La photo est splendide, blanche comme la neige avec parfois des touches de couleur très rouge, comme le sang, dans ce film qui est, toutes proportions gardées, plutôt noir …
La musique est de Michel Jarre plutôt moderne, énigmatique, et comporte une chanson de Brel infiniment triste "Pourquoi faut-il que les hommes s'ennuient".
Le casting repose sur Claude Giraud ainsi que sur Vanel, Colette Renard et Albert Remy, tous excellents.
Au final une certaine esthétique et un certain charme se dégagent de ce film étrange et pessimiste.