Un roi sans divertissement est une anomalie, pour plusieurs raisons. Dans le cinéma français du début des années 60, tout d'abord, car il se situe bien loin de la Nouvelle Vague et à égale distance des films des réalisateurs classiques et chevronnés de l'époque. Ensuite, il témoigne des relations complexes de Giono avec le cinéma, lui qui n'a tourné qu'un seul long-métrage et qui, ici, réécrit totalement son roman éponyme. Enfin, François Leterrier, après quelques films ambitieux, s'est tourné vers des productions commerciales insipides dont Goodbye, Emmanuelle et Je vais craquer sont les pépites (rires). Un roi sans divertissement est un film fascinant pour son atmosphère enneigée et ses silences languissants et agaçant pour ses prétentions métaphysiques quant à la nature ou la condition humaine, on ne sait plus trop, et la tentation du mal qui guette chacun d'entre nous. Il est vrai que quelques gouttes de rouge sur un tapis blanc, en hiver, c'est joli, et qu'une chanson de Brel pendant les deux génériques, c'est la classe ultime. Et puis n'oublions pas Colette Renard et Charles Vanel, remarquables, qui dament le pion à Claude Giraud, plutôt fade.