Sous l’Occupation allemande, l’histoire de Joseph, dix ans et Maurice, treize, fils d’un coiffeur juif, obligés de fuir Paris pour rejoindre Menton, alors en zone libre. C’est un film grave traité avec beaucoup de légèreté puisqu’il apprivoise le point de vue des enfants, le cache-cache quotidien avec les soldats allemands et leur instinct débrouillard, espiègle et nonchalant : Ils n’hésitent pas à échanger leur étoile jaune contre un sac de billes par exemple, encore moins à voler des poules. Maurice aura ses premiers émois avec une prostituée, Joseph tombera amoureux de la fille d’un antiquaire collabo.
C’est un beau récit initiatique campé par deux jeunes comédiens magnifiques. Un film très sobre, très doux sur une famille juive déchirée par l’Occupation et la crainte des rafles. Je n’ai pas lu le roman éponyme de Joseph Joffo – dans lequel il raconte sa propre enfance, fuyant les nazis avec son frère ainé – que Doillon adapte donc très vite, deux ans plus tard. Il semblerait que l’auteur était récalcitrant face aux libertés prises par le futur réalisateur de La drôlesse. Il n’est ni le premier ni le dernier écrivain à ne pas supporter que le cinéma apporte ses petites modifications.
Joffo n’est plus là et moi je n’ai pas vu l’adaptation qu’en a fait Christian Duguay, avec Patrick Bruel, en 2017 mais soyons de mauvaise foi : Il aurait alors forcément réévaluer la version de Doillon, qui, en cinéaste de l’enfance s’est certes probablement approprié le matériau (Tant mieux !) mais qui au moins filme ses personnages avec beaucoup d’amour et de nuance, et prend soin d’étirer certains plans, certaines séquences offrant un rythme particulier au film, qui effleure parfois l’académisme mais n’y sombre pas.