Adapté du roman éponyme de Joseph Joffo (que je n'ai pas lu) et bien avant la nouvelle version ciné de 2017 (que je n'ai pas vu non plus), Jacques Doillon accepte cette commande, et qui lui sied particulièrement, car beaucoup de ses films tournent autour de l'enfance. Dans ce cas présent, c'est la vie (romancée) de l'auteur, accompagné de son petit frère, qui sont sommés par leurs parents de rejoindre le Sud de la France dans la zone non occupée de la France, car leur judéité peut être un danger pour eux.
Tout le film est un parcours initiatique de ce deux garçons, qui sont obligés de prendre des chemins de traverse, de se cacher et surtout d'éviter d’éveiller les soupçons les concernant, car les soldats allemands sont à l'affut. Malgré le climat pesant, il règne une certaine légèreté, notamment sur la découverte des filles, le passage en colonie ou les scènes entre les deux frères que je trouve d'une grande justesse, car rien que par le fait qu'ils fassent des fautes d'élocution, on sent que tout cela sonne très naturel. On évite le phénomène de l'enfant savant qu'on voit dans de nombreux films.
Après, je ne peux pas témoigner de la justesse du livre, dont d'ailleurs l'auteur avait contesté l'adaptation, mais ça reste souvent émouvant, comme la capture des deux frères, ou la fin qui reflète une réalité trop tardivement connue. Jacques Doillon a réalisé un beau film, d'une grande modestie (avec très très peu de musique), et avec des acteurs, pour la plupart non-professionnels, formidables.