L’échec surprenant d’Un Secret provient de la mise en scène de Claude Miller, cinéaste pourtant défini par la subtilité avec laquelle il sondait l’intériorité tourmentée de ses personnages en multipliant les focalisations et en établissant par celles-ci une distance avec les passions représentées. Rien de tel ici : l’image dit tout, annonce tout, surligne tout, alourdie par une voix off inutile et artificiellement complexifié par la structure fragmentaire du scénario, dont les analepses et prolepses n’obéissent guère à la réminiscence véritable, seulement au caprice d’un réalisateur qui assemble ses séquences comme un romancier fou jetterait les pages de son œuvre dans un escalier. L’articulation de la couleur et du noir et blanc demeure sans pertinence, aussi fausse que la reconstitution historique digne d’un médiocre téléfilm. Seuls les comédiens assurent un semblant de profondeur, desservis par un montage charcutier. Voilà donc un secret vite éventé, qui aurait dû autopsier les non-dits d’une époque révélatrice des horreurs de la précédente et annonciatrice d’un égarement à venir.