Suite à l'immense succès de L'Hirondelle d'Or, la firme hong-kongaise Shaw Brothers continue de miser sur le style Wu xia pian et confie à Chang Cheh le soin de mettre en scène Un seul bras les tua tous.
Il est ici question de l'honneur d'un homme qui va devenir manchot suite à une traîtrise dans son propre camp et va chercher à retrouver et protéger son maître. Chang Cheh propose une suite de tableaux souvent magnifiques, où il est surtout question d'une réflexion personnelle du héros et d'une remise en question, le metteur en scène privilégie cela à l'action, évoquant alors un homme brisé qui va tout faire pour retrouver une certaine estime.
C'est d'ailleurs aussi là que le bat blesse légèrement, cette suite de tableaux n'est pas sans défaut, notamment dans le rythme, quelques réactions de personnages parfois caricaturales et surtout dans le manque d'intensité à l'exception du début et de la fin du film. Si ce n'est pas préjudiciable, c'est tout de même dommage tant Un seul bras les tua tous se révèle de grandes qualités sur bien d'autres points. Effectivement, on s'attache assez facilement au héro et on prend plaisir à le suivre dans sa quête et ses réflexions, alors qu'il aura parfois face à lui de biens dangereux opposants.
Les chorégraphies sont souvent remarquables et parfois bien mémorables, Chang Cheh sachant les sublimer et créant une ambiance qui ne manque pas d'intensité dans les moments propices, bien qu'il privilégie toujours la psychologie des personnages à l'action. Jimmy Wang-Yu est brillant dans le rôle principal, sachant faire ressortir toute la tragédie et la force de son personnage tout en se relevant de ses nombreuses humiliations, alors qu'il est plutôt bien épaulé par l'ensemble des comédiens, malgré certains tombant parfois dans l'excès.
Premier opus de la trilogie du Sabreur Manchot, Un seul bras les tua tous se révèle parfois imparfait mais agréable à suivre et souvent efficace et sous tension, à l'image des chorégraphies que Chang Cheh subliment.