Alors que le wu xia pian (prononcez "Ou-cha-piène") moderne vient à peine de renaitre l'année précédente avec L'Hirondelle d'or de King Hu, voici que Chang Cheh réalise son premier grand film en même temps que le premier opus de la Trilogie du Sabreur Manchot. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il se démarque totalement de l'approche de Hu !
Ici, très rapidement, le héros est malmené au point de perdre son bras (quel scoop !), ce qui prépare le spectateur à l'arrivée de combats bien plus violents et, disons-le tout net, plus crédibles que ceux de l'Hirondelle d'or. Le sang coule, les chorographies font davantage penser aux arts martiaux qu'à un spectacle de danse et le héros parvient à être vraiment charismatique. L'histoire et les personnages sont assez travaillés pour maintenir l'attention du spectateur en dehors des scènes de baston et le jeu des acteurs est globalement tout à fait supportable (mention spéciale au héros, qui préfère, à bon escient, un jeu sobre aux expressions habituellement outrées dans ce genre de cinéma).
Côté réalisation, en plus de très beaux décors studios qui donnent un vrai cachet au film, on note de petites particularités comme le fait de toujours filmer le grand méchant de dos, et de ne dévoiler son visage que dans les dernières minutes du film. Vous avez dit iconique ? C'est ce genre de détails qui permet à Un seul bras les tua tous de rester fun et inventif jusqu'à la dernière minute et de demeurer, cinquante ans après sa sortie, un très bon moment de cinéma martial.