L'anti-héro
Un film de John Sturges avec John Wayne, franchement, je sais bien que chez vous pas du tout, mais pour moi et les beagles solitaires loin de leurs foyers, normalement ça génère un très fort afflux...
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le 2 mars 2013
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A la fin des années 60, le succès de Bullitt engendre une catégorie de films qu'on peut appeler polars urbains violents des années 70. Dans ces films, l'image du flic est souvent double ; à une image sécurisante, ils renvoient une image plus dure ou plus inquiétante, et les 2 aspects se retrouvent chez le même personnage. C'est l'époque où des flics intègres violent la loi pour mieux la faire respecter, doivent lutter autant contre leur hiérarchie que contre les gangsters, et finissent par prendre en charge les enquêtes dont on les destitue. L'Inspecteur Harry est dans le prolongement de Bullitt, et va cristalliser cette tendance où s'inscriront aussi les films de Charles Bronson. Le succès de L'Inspecteur Harry fait des petits, et parmi ses héritiers, on y trouve Un silencieux au bout du canon, premier polar de John Wayne où il emploie des méthodes peu orthodoxes.
En acceptant ce rôle, Wayne reconnaissait le déclin du western et voulait changer un peu de genre, en troquant son cheval pour un coupé sport Pontiac. Mais surtout, il avait refusé 3 ans auparavant le rôle de Harry Callahan qui comme on le sait échut à Clint Eastwood et qui devint emblématique dans sa carrière. Il est donc permis de croire que Wayne fut un peu déçu ou agacé par ce succès en lequel il ne croyait pas, et qu'il ait voulu rattraper le coup, car le film porte la marque incontestable du polar urbain des seventies, même la musique nonchalante d'Elmer Bernstein donne dans un style à la Lalo Schiffrin typique de cette époque.
C'est un film très mésestimé et critiqué injustement ; je l'aime bien moi ce polar, il est très sympathique et symptomatique de son époque ; certes le scénario est conventionnel et surtout, s'en tient à un niveau assez superficiel dans la dénonciation de la corruption. John Sturges s'intéresse surtout au personnage de McQ, le flic solitaire incarné par Wayne, et à la manière dont tout le monde le trahit. Souvent critiqué pour ses idées conservatrices, John Wayne qui est en même temps producteur du film, semble avoir tenu à répondre à ses détracteurs, en dénonçant la corruption d'une certaine police américaine ; il s'attaque ainsi non seulement à une bande de gangsters mais aussi à un groupe de flics ripoux qui ne défendent que leurs intérêts.
Le film gagne beaucoup en authenticité par son tournage presque entièrement en extérieurs dans la ville de Seattle, rarement montrée à l'écran à cette époque au détriment de New York ou L.A. , il est solidement réalisé par le vétéran John Sturges et échappe aux conventions du genre. Le personnage de Wayne vieilli et usé par la maladie, donc faillible, est cependant attachant, et se pose en justicier qu'il incarne avec conviction, de même qu'il est bien secondé par d'excellents seconds rôles comme Clu Gulager, Eddie Albert, David Huddleston ou Roger Mosley (futur Terry dans la série Magnum) ; la barmaid est jouée finement par Colleen Dewhurst, et le baron de la drogue Santiago est incarné par l'excellent Al Lettieri, qui répétera ce type de rôles dans Guet-apens et Mister Majestyk.
La qualité des scènes d'action donne aussi du crédit à ce polar sans surprise mais très efficace, notamment une bonne scène de poursuite entre 3 voitures sur la plage à marée basse, qui finit en fusillade. En filigrane, le film reflète une Amérique en crise, mais il ne faut pas essayer d'y voir plus qu'un bon film d'action divertissant. D'ailleurs, la formule ayant plu à John Wayne, celui-ci remettra ça l'année suivante dans Brannigan qui reste aussi intéressant.
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le 24 sept. 2017
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