Un film de John Sturges avec John Wayne, franchement, je sais bien que chez vous pas du tout, mais pour moi et les beagles solitaires loin de leurs foyers, normalement ça génère un très fort afflux sanguin au niveau du bas ventre et beaucoup de bave disgracieuse à la commissure des lèvres que j’ai, soit dit en passant, particulièrement lippues.

Alors oui, bien sûr, ce n’est pas un western, ce serait trop beau, mais le policier est un genre qui a aussi ses charmes, par contre, c’est quand même un film de 1974…

Et 1974, pour nos deux John, c’est peu de dire que ça sent le sapin… Il reste deux ans et trois films à grosses épaules avant de s’effondrer et pour Sturges, c’est l’avant-dernier avant la retraite, tout cela ne me dit plus grand-chose qui vaille, la bave retombe, le reste aussi…

En plus, nous sommes dans la tentative pathétique de Wayne d’essayer de faire oublier qu’il a refusé l’Inspecteur Harry quelques années avant et l’ombre du fringant Clint ne laisse pas le moindre rayon de lumière survivre jusqu’au physique vouté et perruqué d’un vieillard au bord du gouffre.

En fait, ici, McQ joue une sorte de Harry un peu réac (oui, oui, c’est possible, Harry, c’est encore autre chose, faut pas croire tout ce qu’on vous dit…), pour qui les hippies sont la plaie d’aujourd’hui, une femme une maîtresse de maison et où un bon interrogatoire ne se réalise jamais sans confrontation virile et musclée avec les parties les plus contondantes de son anatomie…

Alors, le plus triste, c’est que ça commence bien, un générique sobre et élégant qui nous plonge directement dans le bain, quelques meurtres gratuits et mystérieux, tout ce qu’il faut, avec en prime une touche urbaine qui préfigure Michael Mann et surtout la certitude que Sturges n’a rien perdu de sa maîtrise.

Heureusement d’ailleurs, parce qu’à partir de maintenant, c’est tout ce qu’il reste à sauver, John Wayne étant absolument incapable de concilier sa dégénérescence physique et un rôle qui n’est plus pour lui d’au moins vingt ans et l’histoire de ripoux comme celle de trafic d'héroïne laissant particulièrement dubitatif le mieux disposé d’entre nous…

Eddie Albert a 72 ans est lui aussi à deux doigts de la tombe et le fait qu’il lui reste encore vingt ans de carrière et trente années à vivre n’y changeront rien… D’ailleurs, pourquoi les salauds de cinéma durent-ils toujours plus longtemps que les héros ? Fichue mauvaise herbe…

Pour la nouvelle génération, saluons Al Lettieri, le salopard de Guet-apens qui promène ici aussi ses moustaches visqueuses et son teint bistre avec une prédilection pour le répugnant.

Alors que reste-t-il pour sauver les meubles ? Pas grand-chose, il y a quelque chose de triste à voir Grosses épaules persister à jouer les héros de films d’action tout en reniant le genre qui lui a tout donné, le film pourrait d’ailleurs en retirer une mélancolie d’une rare force et une épaisseur supplémentaire.

Mais en fait, non.
Torpenn
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le 2 mars 2013

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Torpenn

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