Faussement lisse, Un soir en Toscane, le cinquième long-métrage de Jacek Borcuch (connu pour All that i love) tourne autour de la personnalité d'une poétesse polonaise, lauréate du Nobel, installée depuis longtemps en Italie. La vie de cette épicurienne sexagénaire semble indolente, dans sa belle propriété enchâssée dans les somptueux paysages naturels proches de Volterra, au sein de sa famille aimante et avec une communauté qui l'admire. Seulement voilà, c'est aussi une femme indépendante, qui a pris un amant qui pourrait être son fils et qui exprime en public des propos peu politiquement corrects. Insensiblement, la chronique tranquille se modifie et se complexifie alors que la xénophobie progresse et qu'un attentat meurtrier est commis à Rome. Le portrait de l'écrivaine s'affine tout en gagnant en mystère : provocatrice ? rebelle ? intellectuelle dépassée ? Sa vision d'une Europe confite dans la peur et la haine de "l'étranger" n'est pas nécessairement celle du film qui a la politesse de laisser aux spectateurs le choix de se forger leur propre religion. Chargé en ambigüités et en ironie et portrait équivoque d'une femme qui n'attire pas une sympathie immédiate, Un soir en Toscane louvoie entre récit familial, plein de non-dits, et exposé social et politique. Avec Frank Sinatra et des chansons italiennes en fond sonore, comme pour opposer une certaine idée de la dolce vita aux tensions nationalistes et vindicatives qui montent.

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le 23 mai 2020

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