Depuis que je l'ai découvert il y a deux ans, j'y repense sans cesse, et je rêvais de déjà le revoir, donc voilà, c'est fait. Résultat : c'est un immense chef-d'oeuvre, le plus beau de son auteur, et je crois l'un des plus beaux films que j'ai vu. Un film-roman, c'est une adaptation de Paul Bowles, c'est à dire que le résumer ne rime à rien, c'est l'histoire d'un couple qui se met à ne plus s'aimer et qui s'aventure aux confins du Sahara comme un grand voyage initiatique vers leur séparation mais dit comme ça ça ne veut rien dire. Donc autant s'arrêter là. C'est un film totalement envoutant, par sa littéralité, par sa beauté de sa mise en scène, par sa sublime photographie (rarement vu un film aussi "beau"). Je préfère citer la fin du film, tant elle est éloquente : Debra Winger rentre seule dans le café où ils étaient à deux au début du film. Là elle croise le narrateur, joué par Paul Bowles lui-même, qui n'intervient que par voix-off, sauf à cette toute fin.
Il lui dit : Are you lost ?
Debra répond :
Yes.
Puis, la voix-off de Bowles revient, lisant ce qui est sans doute la conclusion de son propre roman, et qui devient la terrible et magnifique conclusion du film (je mets le texte en Français) :
Comme nous ne savons pas quand nous mourrons, nous prenons la vie comme un puits inépuisable. Tout n'arrive qu'un nombre limité, très limité, de fois. Combien de fois te rappelleras-tu un après-midi d'enfance qui est si intimement part de ton être que tu n'imagines pas la vie sans lui ? Encore quatre ou cinq fois. Peut-être même pas. Combien de fois verras-tu la pleine lune se lever ? Peut-être vingt. Et pourtant tout paraît être sans limites.