Plus que l'espionnage, c'est la distribution qui m'a attirée. Un peu abusivement, parce qu'Ewan McGregor m'a semblé jouer ici la même partition que dans The Ghost Writer, grands yeux candides et détermination mélangés. Mais les faux-semblants habituels ont fait leur part, et l'intrigue ne démérite pas complètement dans ce jeu de cache-cache entre un repenti, le MI6, la mafia russe (qu'est-ce qu'ils sont méchants, ces Russes !) et un couple de bourgeois anglais, professeur de fac et avocate à la ville. Partis sur de mauvaises bases, les héros vont se retrouver et s'accomplir dans l'adversité, portés par leurs idéaux professionnels (car, il faut le répéter, les profs et les avocats se mettent au service de l'humanité, sans exagérer !). Au milieu de l'imbroglio politico-financier fondé sur une affaire de corruption, un guignol à double-fond joue les trublions avec maestria et un bel abattage. Mais, quand l'heure devient grave et qu'il faut sauver sa famille, son regard change du tout au tout et ses doutes apparaissent. C'est qu'il ne faut montrer aucune faiblesse, avec les Russes, comme avec les chiens dangereux. Le moindre signe de peur et c'est l'exécution sommaire assurée. Comment, sous le regard scrutateur de barbouzes patibulaires, les "civils" sans entrainement peuvent-ils dissimuler leur anxiété, ça, mystère, et c'est l'une des faiblesses du scénario, mais bon, dans ces histoires rocambolesques, il ne s'agit pas vraiment de chercher la vraisemblance. Si on part sur ce postulat, voilà donc un film très acceptable, assez bien interprété globalement, et farci de situations tendues de bon aloi et de rebondissements en quantité réglementaire.