"- Juste ciel ! Il est presque l'heure et je ne suis pas prêêêêêête ! Vite, Stanley, brute insensible, sale Polack, sous-homme des cavernes, apporte-moi ma robe de Taffeta jaune de Chine, mon diadème en strass Swarovski et mon chale de Cachemire, je.... aaaaaah je me sens défaillir, vite un bain d'eau chaude et un soda whisky !
- J'arriiiiive ! Une seconde, bon dieu !"
[SPOIL INSIDE] Recherchant des citations en anglais pour la traduction d'un ouvrage sur Brando, v'la-t-y pas que je me vois obligé de me spoiler le début d'Un Tramway nommé Désir pour rechercher un "Regarde, n'est-il pas magnifique?" anglais. Tout en cherchant la réplique je suis subjugué par l'apparition de Marlon Brando, incroyablement puissant dans cette scène de rencontre avec sa belle soeur. Ni une ni deux, j'emprunte le DVD et lorgne la pendule toute la journée jusqu'à ce qu'enfin je puisse m'étendre avec ma douce et un paquet de M&M's devant le chef d'œuvre attendu.
On commence par voir Blanche, cette horrible femme, errer dans les rues de la Nouvelle Orléans à la recherche de la maison de sa sœur Stella. Sur place, on comprend que les deux jeunes femmes ne se sont pas vues depuis une paye, et qu'elles ont perdu une demeure familiale, "Belle Rêve". Stanley Kowalski, le mari de Stella alias Marlon, rencontre Blanche dans une chouette scène : je suis absolument subjugué par le jeu de Marlon Brando. Il est... Nature peinture. D'un naturel effrayant, semblant improviser son texte avec une désinvolture qui laisse pantois. En fait, sans Marlon Brando, j'aurais probablement mis 2 au film.
Toujours est-il que ce Kowalski, assez brutal, assez animal mais pas dupe, voit venir cette belle-sœur insupportable de superiorité, de minaudages et de caprices, et essaie dans un premier temps de comprendre où est passée la maison, où est le fric, et qui est cette folle furieuse. Les rapports entre les deux seront clairs dès le départ : Stanley la tient à l'œil et on sait tout de suite qu'elle a quelque chose à cacher.
La suite? Rien. On comprend que Blanche est simplement gaga, mythomane, et qu'elle a un passé "honteux", fréquentant beaucoup d'inconnus en les dupant tous. Au moment où on voudrait le plus lui en vouloir, il s'avère qu'elle est juste bien tarée, du coup Stanley la viole (ok Stanley, craquage... même s'il y a une tension sexuelle depuis le début, je ne pense pas que c'était bien utile) et on l'envoie en "maison de repos". FIN.
Globalement on peut reprocher au film une théâtralité vraiment lourde compte tenu de l'histoire, des longueurs en veux-tu en voilà sur des déblatérations incessantes de Blanche Dubois, personnage façonné pour être insupportable. Alors on encaisse ses divagations, ses romances cul-cul, ses monologues vides, et on attend de voir Brando à l'écran. Les mouvements sont fatiguants, c'est dramatique, il y a des regards implorants et une gestuelle vue et revue... C'est chiant, quoi.
Même le Noir et Blanc est dégueu, gris clair-sépia. La caméra des premiers plans de la ville m'a même donné l'impression que l'image n'était pas droite.
Niveau jeux d'acteurs, Vivien Leigh est une actrice de l'époque parmi tant d'autres, au bout de 3 répliques on a tout vu. Quelques regards pas mal vus pour une timbrée, mais ça s'arrête là. Kim Hunter est complètement ailleurs, avec une tronche de poupée de cire et des yeux écarquillés. On dirait qu'elle s'ennuie pendant tout le film, coincée entre la folle et la brute, dont on n'a l'impression qu'elle est amoureuse qu'une fois dans le film, dans le lit le matin après le sexe post-cognage.
Karl Malden assume bien son rôle de pauvre type, un peu ahuri, crédule et maladroit. Je suis d'ailleurs en mesure de dire que Harold Mitchell, son personnage, mesure 1m 84 pieds nus pour 94 kilos, qu'il fait de la muscu et que son ventre était mou, mais-qu'à-présent-il-est-dur-comme-du-béton-allez-y-tâtez-pour-voir-hahaha-ce-que-vous-êtes-légère-mad'moiselle.
Je fus déçu, comme beaucoup apparemment. Mais une chose est sure : je m'en vais éplucher quelques films avec Brando, histoire de creuser un peu le mythe. Parce que 2 images dans Apocalypse Now, une photo de pipe sur Google images, un résumé Wikipédia et un film très moyen du début de sa carrière, c'est maigre.
"- Et mes violettes? Tu as mes violettes?
- Raaah mais TA GUEULE à la fin !"
(Je remercie d'ailleurs Brando pour lui rabaisser son caquet, pas assez à mon goût mais toud'même, ça fait du bien).