Un tueur dans la foule est ce qu'on pourrait classer un film catastrophe. Non pas qu'il y ait un évènement naturel ou quelque chose sur le point d'exploser, mais dans la représentation de la foule en panique, ce que j'expliquerais plus bas. Il fait partie de cette vague de films sortis dans les années 1970 comme La tour infernale, Tremblement de terre ou la série des Airport.
Lors de la finale du Superbowl, dans un stade comprenant plus de 90 000 personnes, un sniper va se poster près du panneau de score, dans le but de tirer dans le tas. C'est donc le travail de la police de le trouver afin qu'il ne commette pas de victimes.
Le début du film est formidable ; on a un homme, en vue subjective, qui va commencer à s'entrainer, en quelque sorte, en tirant de très loin sur un couple de cyclistes, atteignant mortellement le mari. Et tout ceci, ce qui sera le cas jusqu'au bout, où on ne verra jamais ni on entendra le son de la voix de cet assassin ; cette vue subjective continue par la sortie du bâtiment et le voici qui prend sa voiture en direction du stade pour se poster à un endroit stratégique. Tout cela avec son propre thème musical lancinant, suggérant la menace à venir.
Nous sommes ensuite dans le cliché du film catastrophe, avec une très longue exposition de quelques personnages qui auront une importance dans l'histoire, sans qu'ils ne se croisent forcément ; on peut noter la présence de Charlton Heston, le chef de la sécurité, John Cassavetes en général têtu, Beau Bridges qui accompagne sa famille au match, Gena Rowlands qui est venue avec son amant, et beaucoup d'autres, dont Martin Balsam ou Walter Pidgeon.
Tout le jeu est bien entendu de savoir qui va survivre ou non, mais c'est au prix d'une très longue attente, près de 90 minutes plus tard où le carnage commence. J'ai d'ailleurs été surpris de voir que la violence d'un tir de sniper n'a pas été atténue, avec pas mal de sang à l'image, et d'autres morts tout aussi spectaculaires (dont un type pendu par les pieds, placé juste derrière le public !).
Je peux comprendre que la catastrophe puisse être très longue à arriver, mais une fois que ça commence, c'est impressionnant ; mouvements de foules, gens piétinés, certains qui tombent des escaliers ou passant par-dessus des rambardes. Le dommage collatéral de ces tirs est sans doute plus impressionnant encore et se voit comme une lame de fond sur les personnages.
La mise en scène du film, confiée à un habitué du cinéma d'auteur, se veut très télévisuelle, avec cette sensation de choper l'action en plein vol, et des acteurs qui, quand ils n'ont rien à faire (comme Gena Rowlands), serrent les dents comme ce bon vieux Charlton Heston ou John Cassavetes, venu clairement récupérer le chèque pour produire ses propres films.
Je suis un grand amateur des films catastrophes, et Un tueur dans la foule ne déroge pas à la règle, et proposant quelque chose très efficace.