Sous le feu des projecteurs
C'est sympa les films de la seconde guerre mondiale tournés en 1941, ça rajoute une petite couche documentaire de bon aloi et, paradoxalement, on sent moins d'affect dans le traitement que pour certains films postérieurs, surtout si ça privilégie l'histoire à la propagande outrancière...
Ici, c'est une histoire d'amour entre un goujat yankee et une jeune chanteuse de cabaret qui fait tourner tous les coeurs londoniens... Il y a bien sûr l'autochtone concurrent, sorte de baronnet du Kent qui se trouve aussi être le commandant du yankee et un troisième larron délicieux, le toujours flegmatique Reginald Gardiner.
Tyrone Power est le goujat, Don Juan bonimenteur et tête à claques qui atteint certains sommets en manière de sans-gêne, il s'engage dans la RAF pour les beaux yeux de Betty Grable et c'est là que le bât blesse.
Je n'ai rien contre Betty, elle a une vraie personnalité, plein de petits gestes charmants, un joli brin de voix et déborde de naturel mais tout de même, sérieusement, comme fruit de désir incomparable, il y a quelque chose qui cloche et gêne un peu quand tout le film est supposé tourner autour de son incommensurable pouvoir d'attraction sur le mâle de passage...
M'enfin, les hommes ne sont pas en reste, on va dire qu'ils ont ce qu'ils méritent...
Ici, l'histoire est classique et bien fichue, partant des préparatifs à la guerre jusqu'au repli à Dunkerque, on y exalte les joies des permissionnaires en lieu et place de la mère patrie et ce n'est pas forcément plus mal.
Un film honnête, donc, qui ne mériterait d'ailleurs pas autant d'éloges si les scènes aériennes n'étaient pas à couper le souffle, prodigieuses de dynamisme et même stupéfiantes de beauté lorsque, d'aventure, avant la DCA teutonne, les projecteurs au sol fouillent consciencieusement les cieux noirs de jais dans un ballet fantomatique de grande classe.