Théoriquement, ce film n'aurait jamais du m'intéresser. Ayant croisé récemment cette affiche ici même puis zieuté par curiosité la filmo de ce Dante Lam, je me suis retrouvé face à une galerie d'images qui font souvent le fier étendard des bacs de dvd d'occaz à 3 euros, illustres jaquettes bien peu quémandées et tout juste soldées pour une soirée pizza sans grande attente. Un rapide coup d'oeil sur les quelques notes de mes chers éclaireurs pour les dites oeuvres venait me conforter dans mes précautions et ma tendance toute naturelle à me tenir en respect de tout ça...
Mais le récent et savoureux choc "Warrior" ne pouvait laisser tout ça dans la tranquillité la plus totale, et la simple combinaison du trailer de ce Unbeatable au fait que bien peu de gens semblaient l'avoir évalué venait subrepticement taquiner ma curiosité. Et "tiens, j'aimerais bien voir ce film" me dis-je. Puis devant l'impossibilité persistante de le dénicher "AAAARGH JE VEUX VOIR CE PUTAIN D'FILM !!!".
C'est chose faite. Et c'est excellent. Enfin pas parfait mais vraiment très bon, tenant presque tête au poids lourd du genre, "Warrior", et confirmant cette nouvelle tendance des films de cage soignés comme successeur à l'époque nostalgique des bons Rocky aux combats absurdement jouissifs. La mise en scène du MMA dans un cadre héroïque suit les traces de ce que fut à l'époque l'apogée du 9ème Art filmique défoulatoire dans un style heureusement empreint d'un soucis réaliste bien plus rigoureux tout en gardant un rythme endiablé, des choix chorégraphiques parfois improbables et des histoires simples mais efficaces dignes de ces frissons d'exultation ressentis devant ces duels cartoonesques tant de fois repassés et mimés en cours de récré. En gros, on garde le jubilatoire tout en bénéficiant d'un réalisme aussi immersif qu'instructif. Non le MMA n'est pas qu'un face à face de gladiateurs ensanglantés tel qu'il le fut jadis, c'est aujourd'hui un sport de combat très violent certes, mais aussi d'une très haute technicité.
A l'image de "Warrior", on écope ici d'une trame pseudo-dramatique comme terreau de fond d'où émergent les personnages, histoire à base d'enfant perdu et de père indigne d'un classique ineffable illustrée par tout le tragi-comique du style hong-kongais, empiétant bien souvent sur le reste, quitte à parfois même prendre le dessus sur un film vendu comme une suite de pains dans la tronche. Rassurez vous, c'est bien foutu. Très bien foutu même, et cette toile narrative ne rend que plus efficace le reste du film, sculptant des personnages d'une réelle profondeur qui, à défaut d'être originale, reste on ne peut plus efficace, forgeant des personnalités qui balafrent quelques valeurs sur le bout des poings.
L'ensemble pourtant classique reste étonnant de maîtrise, tant dans la mise en scène que le rythme nerveux, la photographie respectable, les combats très réussis et les acteurs tout à fait bons dans leurs rôles, dont Nick Cheung, purement excellent en vieux boxeur déchu, entraîneur désabusé et vengeur hargneux remontant sur le ring. J'ai d'ailleurs un petit faible pour ces histoires de maîtres clopinants et voûtés se redressant de manière impensable pour foutre une bonne torgnole aux jeunes insolents (genre Operation Scorpio quoi, c'est génial tu vois, même si tu connais surement pas)..
Bref, ma précédente critique sur "Warrior" m'a montré que ce dernier était bien jugé à sa juste valeur par quelques uns d'entre vous, alors je n'saurais trop vous conseiller de jeter un oeil sur ce côté plus voltigeur de la mandale en cage, très différent, mais bien réussi dans le genre, sachant lui aussi générer son petit lot d'émotions (peut-être ai-je eu une larme ou deux... qui sait...).
A noter que Warrior avait la magnifique chanson "About Today" de The National pour l'accompagner, celui là s'imbibe de la splendide "Sound of Silence" de Simon & Garfunkel. Rien à voir mais c'est un choix des plus respectables.