"Unborn" : non-né. Ce qu'est, plus ou moins, ce film. Pour dire ça plus clair, on peut dire que ce film est difforme, hybride et mort-né.
Ce film est difforme. Il ne faut pas être un génie pour deviner comment Goyer en arrive-là. Il regarde à nouveau L'Exorciste et se dit "Faut que je fasse une possession de mon côté pour que ça marche". La difformité de ce film vient principalement du fait que Goyer ne cherche pas à faire dans l'original : parler des nazis comme des faiseurs de démons (et accessoirement, démons eux-mêmes), je suis désolé, c'est pas vraiment le pitch le plus original qu'on peut trouver. Ensuite, la question sur l'univers. Là, par contre, c'est intéressant, ça amène une dimension plus scientifique au film. Malheureusement rattrapée par une grosse dose de para-psychologique. Ce qui semblait être une bonne idée (utiliser l'univers comme point de départ du film) se révèle en fait être incohérent : à part deux-trois références, je suis désolé, mais ça fait pas génial, quoi.
Ce film est hybride : il mélange science (dans une moindre mesure) et religion. Arriver à réunir la science et la religion, qui sont quand même, par définition, profondément antinomiques. Et à partir de là, tout s'écroule : laisser toute la place à la religion plutôt qu'à la science, c'est parier sur le mauvais cheval : celui qui a déjà fait une course en tête et qui ralentit parce qu'il fatigue. Le concept de l'exorcisme, bah voilà, quoi, si je donne le nom du film, je fais une répétition, mais ça a déjà été utilisé dans les années 70, donc c'est plus tout neuf. Il aurait été intéressant de savoir d'où vient se démon "plus vieux que l'univers", quitte à lancer des supputations complètement bidons (comme l'avait Stephen King dans Ça, si ma mémoire n'est pas trop mauvaise) mais qui se révèlent originales. Parce que c'est ça le problème du film : il n'est pas original. Bon, mais pas original.
Enfin, ce film est mort-né. A peine né, déjà enterré. Je ne l'aurais pas trouvé sur un site de streaming, jamais je n'en aurais entendu parler, je pense. Et c'est pas comme si la fin était plus ou moins joué d'avance, on va dire que c'est une mini-mini-mini surprise. Par contre, ce film est intéressant dans l'utilisation des ressorts de l'horreur : dès le début (première scène), on a déjà quelque chose de bien bien flippant et d'angoissant qui laisse présager une bonne dose de flip. Ensuite, l'utilisation continue du miroir comme point de passage vers une autre monde se révèle être un bon point (étant donné que Goyer n'en fait pas des caisses avec), bien traité et évite les écueils du genre "je vais avaler ton âme et tu te retrouveras coincée pour toujours ahahahahahahahahahahahrrrrrgh... kof kof kof". Un bon point, donc, qui vient sauver ce film du naufrage. Vous remarquerez que, si la question de savoir si l'univers est fini ou non est irrésolue, celle de savoir si tout est relatif ou non l'est déjà.